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Les fêtes juives Un dossier Alliance Réalisé par Aharon Mise à jour le |
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La 'Hannoukiah disparue
Dans la maison de Rabbi 'Haïm
de Tsanz, on était habitué à ces disparitions soudaines
d'objets divers. Le Tsaddik avait effectivement l'habitude de ne garder aucun
argent "de trop" à la maison tant qu'une demande d'aide n'avait pas été
satisfaite. Et ces demandes étaient légion…
Qu'il s'agisse d'argent ou d'objets de valeurs, Rabbi 'Haïm ne faisait
pas de différence. Lorsque la Rabbanith s'apercevait que tel ou tel objet
avait disparu de la maison, elle comprenait que son saint mari l'avait gagé
pour les besoins d'un foyer ruiné ou d'une jeune fille à marier,
ou toute autre cause.
Elle ne posait plus de question sur la timbale d'argent, la boîte à
tabac, le vase, les bougeoirs …
On était à quelques semaines de 'Hannoucah. Vint frapper à
la porte un homme d'allure chétive dont l'allure comme le discours attestait
qu'il avait été autrefois un homme respecté et écouté.
Il sortit même de son baluchon un long parchemin qui témoignait
génération après génération de sa belle ascendance.
Lorsqu'il eut terminé de se présenter, il éclata en sanglots.
Il conta sa misère actuelle, ses dettes, sa fille en âge de se
marier et qui n'attend de secours de personne …
Rabbi 'Haïm écoutait son hôte avec compassion. "L'aide divine
peut venir en un instant, il ne faut pas désespérer". Tout en
consolant son invité, il cherchait du regard la source de cette aide
qu'il était prêt à lui accorder. Il se leva, parcourut les
diverses cachettes où il pouvait avoir mis de l'argent de côté
"pour les cas exceptionnels".
A vrai dire, ces cas exceptionnels quotidiens avaient déjà épuisé
toutes ses réserves, et les étagères des armoires étaient
également vides: tout se trouvait déjà gagé chez
des prêteurs.
Le cœur de Rabbi 'Haïm se serra à l'idée que cet homme allait
s'en retourner chez lui les mains vides. Encore un peu ce sera 'Hannoucah. Une
fête de joie et de lumière. Quelle joie y aura-t-il dans la maison
de ce malheureux?
'Hannoucah, 'Hannoucah se répéta-t-il. Un large sourire se répandit
sur ses lèvres. Il sauta de sa chaise, l'approcha de la grande armoire
de son bureau, et grimpa dessus pour tirer de l'étagère supérieure
une superbe 'Hannoukiah en argent. Il la prit dans ses mains avec amour, en
essuya les poussières accumulées depuis l'an dernier, puis l'enveloppa
dans un papier sorti d'on ne sait où.
Le pauvre homme suivait le Rabbi des yeux, d'abord avec étonnement puis
avec un brin d'espoir qui devint un sourire et un remerciement silencieux lorsque
Rabbi 'Haïm lui mit l'objet dans les mains.
C'est une semaine avant 'Hannoucah que la Rabbanith découvrit la disparition
de la 'Hannoukiah. Elle ne poussa pas de grands cris comme une autre maîtresse
de maison l'aurait fait. Elle savait que ce n'était pas un voleur qui
avait dérobé la 'Hannoukiah. Son seul souci fut que dans toutes
les maisons juives on allumerait ce soir là des bougies dans une belle
'Hannoukiah, et que dans la maison du Rabbi il n'y aurait pas de 'Hannoukiah.
La veille de la fête elle rappela à Rabbi 'Haïm qu'il n'y
avait pas de 'Hannoukiah dans la maison. Un sourire tranquille fut la seule
réaction de Rabbi 'Haïm.
Le premier soir de 'Hannoucah arriva. Les fidèles quittaient la synagogue
d'un pas pressé pour allumer la première bougie les uns à
la fenêtre de leur maison, les autres sur le pas de la porte. La rue juive
s'illumina. Une seule maison semblait avoir oublié la fête. Ni
'Hannoucah, ni 'Hannoukiah chez Rabbi 'Haïm.
Le Tsaddik était enfermé dans son bureau, entièrement pris
dans son étude de la Torah et des secrets de la fête. Les enfants
et les familiers du Rabbi attendaient, tendus, évitant le regard du Rabbi
pour ne pas afficher leur tristesse. La porte du Rabbi s'ouvrit enfin. Rabbi
'Haïm sortit avec sérénité de son bureau, comme préparé
à allumer des bougies pour lesquelles rien n'était prêt.
C'est à ce moment là qu'on entendit le grincement des roues d'un
carrosse qui s'arrêtait devant la maison du Rabbi. Un splendide carrosse
tiré par plusieurs chevaux venait d'arriver, dont descendit un couple
somptueusement vêtu. Le mari, qui tenait un paquet à la main, s'excusa
de l'heure tardive et demanda à rencontrer Rabbi 'Haïm.
Leur visage préoccupé en disait long sur l'urgence qu'ils éprouvaient
à rencontrer le Rabbi.
Rabbi 'Haïm les fit entrer dans son bureau pour écouter leur demande,
et les bénit longuement. A la fin de l'entretien, l'homme déposa
son paquet sur la table et l'ouvrit délicatement. "C'est un présent
de notre part pour le Rabbi" dit il en sortant une merveilleuse 'Hannoukiah
en argent du paquet.
Rabbi 'Haïm ne fut pas étonné outre mesure. Il posa la 'Hannoukiah
à son emplacement usuel, versa de l'huile, disposa les mèches.
Après avoir allumé le Chamach, il récita les bénédictions
devant ses enfants, ses proches et le couple d'invités.
Baroukh Ata … acher kidechanou bemitsvotav vetsivanou lehadlik ner 'hannoucah.
Baroukh …ché-assa nissim la-avoténou bayamim hahem bizman hazé.
Baroukh … chee’heyanou vekiyemanou vehiguianou lizmane hazé.
Tous ressentirent que ces bénédictions sur le miracle de 'Hannoucah
prenaient un sens particulier ce soir là.
Réalisé par Aharon - www.milah.fr