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des fêtes juives |
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Cest
Idith Aharon qui raconte:
Javais tellement entendu de récits sur Amsterdam, la ville
aux mille canaux et aux maisons multicolores, que je rêvais, lorsque javais
quinze ans, à cette ville de légende, où je me promettais daller
un jour. Cest à dix-neuf ans que je pus concrétiser mon rêve,
marchant sans trêve dans les rues de cette métropole, à la recherche
de toutes les légendes entendues. Après quelques jours de confrontation
avec la réalité, je mapprêtais à en repartir, lorsque
la Providence my fit trouver un travail. Un emploi bien rémunéré
de serveuse dans un "pub", un café obscur, mimmobilisa
pour des mois derrière un comptoir, endormant une partie de moi-même avec
les rêves que javais nourris.
Il arriva une fois quayant appelé la maison pour avoir des
nouvelles, je menquis de la prochaine fête. On me répondit
que la première bougie de Hanouka devait être allumée le soir
même.
Je ressentis aussitôt la nostalgie du pays dIsraël, les lampes de
Hanouka à toutes les fenêtres, la pluie qui balayait les rues pendant
que les petites lumières dansaient partout, célébrant une
silencieuse victoire. Et je décidai que jallumerai, moi aussi,
ces lumières, ici, dans ce pub obscur où des non-Juifs venaient étancher
des soifs sans fin.
Mais une ou deux lumières ne me paraissaient pas suffisantes, et jallumai
chaque soir huit bougies sur le comptoir derrière lequel jofficiais.
Mon frère, qui était revenu au Judaïsme de nos pères par la voie
de la Hassidouth, mavait confié trois livres avant mon
départ, en me faisant promettre de ne jamais men séparer,
et de les étudier de temps à autre. Je les gardais toujours près
de moi, les considérant comme des talismans pour assurer ma protection.
Mais cette fois, alors que les lumières de Hanouka brûlaient, je décidai
den ouvrir un, cétait, je crois, le "Tanya",
et dy lire un peu dans mes instants de loisir
Cest le troisième soir que la chose arriva. Il était fort tard,
bien après minuit, lorsque la porte souvrit et quun homme entra.
Il resta un moment immobile, semblant se repérer dans lobscurité,
et examinant les lieux. Quelque chose me parut bizarre en lui. Il portait
la barbe et était coiffé dune casquette, il me semblait
étrangement familier.
Pendant que je lexaminais, il tourna son regard vers les bougies et
demeura comme cloué de stupeur. Ses yeux allaient des lumières à
lensemble de la salle, puis à moi, qui me tenais derrière le bar.
Son étonnement devenait évident pour moi, cétait
un Juif!
Il sapprocha à pas hésitants et sassit finalement sur
lun des tabourets du bar. Je pus ainsi constater quil sagissait
dun tout jeune homme. Je linterrogeai en anglais: "Que
buvez-vous"? Il commanda une
bière. Pendant que je le servais, je lui demandai, en hébreu cette
fois: "Vous êtes Juif, nest-ce pas"? Il répondit
affirmativement, mais il semblait en même temps paralysé par lémotion,
semblant vouloir parler et ne le pouvant pas. Je continuai mon interrogatoire:
"Pourquoi êtes-vous venu ici, dans cet endroit peu recommandable? Que
cherchez-vous ici"?
- "Je
. Je ne suis venu que pour boire une bière", répondit-il
comme pour sexcuser. Je poussai davantage mon offensive: "Cest
ici quun Juif doit venir boire une bière? Les bières manquent-elles
au centre commercial de la ville"? Je poursuivis, dune voix calme
mais résolue: "Je vois en face de moi un jeune homme juif qui,
dun côté saccroche à la vérité, et qui,
de lautre, semble la fuir. Comment pouvez-vous vous mentir à ce point"?
- "Mais vous-même", riposta-t-il, "que faites-vous ici? Est-ce
que la même vérité ne vous concerne pas"?
- "Vous avez raison", admis-je, "mais nous ne sommes pas
comparables. Moi, je nai pas grandi dans un foyer religieux. Pourtant,
il y a longtemps que jai compris que cest là que réside
la vérité. Vous voyez ces livres, eh bien, je les lis quand
je peux, et peut-être quun jour je ferai Téchouvah".
Entre-temps, le jeune homme avait fini sa bière, et il sortit après avoir
payé. Jétais très remuée de cette rencontre,
et je me mis à pleurer. Je murmurai entre deux sanglots: "Maître du
monde, si Tu ne veux me pardonner parce que je ne suis pas digne dêtre
proche de Toi, au moins fais revenir à Toi cet enfant égaré,
sauve-le, car il na rien à faire dans tout ce mensonge"!
Je venais à peine de me calmer, que le jeune homme revint. Dun pas
décidé, il sapprocha du bar, y déposa un billet
de banque d'une valeur élevée et me dit: "Cest
pour vous, merci beaucoup", avant de sortir. Je pris le billet et murmurai:
"Si Tu maides, mon D.ieu, à revenir à la Torah, je donnerai cet
argent à la Tsédaka.
De ce jour, quelque chose changea en moi. Rien ne se vit extérieurement,
mais cétait comme si une force intérieure me tirait
vers une enfance lointaine, vers des souvenirs encore plus anciens, antérieurs
à ma propre vie, à celle de ma mère et même de ma grand-mère.
En même temps, je me pris à détester le travail que je faisais, et
encore plus la ville où jétais, les gens me semblèrent encore
plus étrangers, et un fort sentiment de solitude mhabita en
permanence. Un soir où jétais assise dans ce café, et
où je pensais que je navais plus où aller, je me souvins du Rabbi.
De ce Rabbi dont mon frère narrêtait pas de raconter les hauts faits,
dont javais vu la photo dans les journaux, et dont je ne savais pas
au juste ce quil était pour moi.
Voici ce que je fis: je pris une serviette de papier et jécrivis
dessus, décrivant le sentiment de détresse qui métreignait,
le désaccord avec tout, et même les souvenirs dun passé
inconnu qui massaillaient.
Au verso de la serviette, je notai que javais vu le Rabbi en rêve,
et que, puisque de nombreuses personnes avaient été aidées
par lui, je lui demandais, moi aussi, la petite jeune fille de peu dimportance,
quil me vienne en aide en me libérant de mes angoisses et de
la crainte qui sétait emparée de moi. Et, comme je savais
que rien ne sobtient gratuitement, je promis que je retournerais en
Eretz et que jy entamerais un parcours de Téchouvah.
Je pliai la "lettre" et la mis dans la poche de mon chemisier.
Immédiatement, il se passa quelque chose que je noublierai
jamais! Je sentis que toute mon expérience vécue sen
allait, et avec elle mes pensées et mes craintes. Un vent violent
soufflait en moi, me débarrassant de tout et me laissant comme un
récipient vide. D.ieu merci, je nétais pas amnésique,
je savais toujours qui jétais, mais toutes mes angoisses, mes
mauvaises pensées et le sentiment de détresse sen étaient
allés
Je pris aussitôt conscience du grand miracle. Le Rabbi mavait répondu
et avait exaucé immédiatement ma requête. Jétais
comme une page blanche, responsable de ce qui, désormais, y serait
inscrit.
Une semaine plus tard, je reçus une longue lettre de mon frère, qui minformait
quil était devenu "Hatan" et allait se marier,
et la dernière ligne était à mon intention: "Où es-tu?
Où es-tu? Où es-tu?" A cette lecture, jéclatai
en sanglots. Où étais-je, en vérité? Il avait mille
fois raison de se soucier de moi, qui avais été paresseuse
à faire la seule chose qui simposait.
Une semaine après avoir reçu sa lettre, je débarquai à Loud, où mon
frère mattendait. Mattendait aussi un processus de Téchouvah,
qui ne fut pas simple mais qui ne connaîtra pas de fin.
Je me suis mariée, Baroukh Hachem, et je suis partie rendre
visite au Rabbi, alors que jattendais mon premier enfant. Un jour,
pendant mon séjour au "770", je rencontrai une amie dIsraël,
qui nappartenait pas au mouvement Habad. Elle me proposa de
laccompagner à une journée détude à Boro-Park,
un autre quartier de New-York, me promettant que ce serait "terriblement
intéressant", ce qui me convainquit.
La salle de conférences était emplie à craquer de femmes de
tous âges et de toutes conditions. Le conférencier était connu,
et il exposait brillamment son sujet, lillustrant dexemples
et dhistoires. Mais je pensais: "Quai-je à faire ici ?
Tout le message quil délivre est déjà derrière moi,
car jai déjà accompli tout ce quil expose! "
Les minutes passaient et jétais attentive, me disant que si
javais été conduite ici, cétait nécessairement
pour une finalité qui métait destinée. "Peut-être
les paroles de lorateur seront-elles utiles à un progrès de plus",
me disais-je pour me raisonner.
Le Rav était en train de dire: "Nous navons aucune idée
de limpact des événements, des spectacles dont on est
témoin, et même des paroles entendues, sur lâme humaine. Jai
dailleurs une histoire à ce sujet, et elle vous parlera, particulièrement
à vous qui habitez Boro-Park
Il y a peu de temps, jai rendu
visite à un ami cher, qui dirige un Collel à Jérusalem, et il ma
emmené dans la grande salle détude, où jai pu
rassasier mes yeux et mes oreilles du spectacle de ces jeunes gens, étudiant
par deux à chaque table, et dont le tonnerre des voix confondues emplissait
le vaste local.
Mon ami me chuchotait à loreille: "Chaque jeune homme ici est
le héros dune histoire particulière". Ses yeux cherchaient
dans lassemblée, et finirent par se poser sur lun de
ces hommes. Il me le désigna et me raconta les faits suivants: "Il
y a cinq ans, ce jeune homme a quitté la maison paternelle à Boro-Park
en pleine crise dadolescence. Il a quitté sa Yéchivah
et a commencé à travailler pour amasser assez dargent dans
le but de voyager dans le monde. Il avait quand même gardé quelques
signes de judéité, dont il ne parvenait pas à se défaire.
Ce jeune homme partit donc un jour, muni dune somme dargent
assez confortable, pour un voyage en Europe, pensant sans doute quil
aurait été dommage pour lui de ne pas connaître certains "trésors"
qui pouvaient sy trouver.
Il arriva un jour en Hollande, cétait au moment de Hanouka,
et il entra un soir dans un café au style plus que douteux. Là, à
sa grande surprise, il vit une Hanoukia posée sur le bar, et
brillant de ses huit lumières, malgré le fait que ce soir-là nétait
que le troisième de la Fête. Sétant approché de la jeune
fille qui avait allumé ces bougies, il découvrit quelle
était juive, originaire dEretz-Israël, mais, comment dire?
celle-ci lui "donna une leçon". Les paroles de cette jeune fille
le frappèrent profondément, en particulier parce quelle nétait
pas pratiquante, mais ne voulait pas faire la moindre concession à la tradition
de ses ancêtres, même dans ce lieu si méprisable. Quant à lui, qui
venait dune maison fondée sur lamour de la Torah et des
Mitsvoth, il se dit quil avait laissé tout cela en échange
de
rien! Il ne lui fallut pas longtemps pour rentrer chez ses parents,
et de là vers notre institution. Il est maintenant marié, et ils
attendent leur premier enfant. Cest ainsi que mon ami conclut sa merveilleuse
histoire, que je nai pu oublier jusquà ce jour", termina
lorateur.
Quant à moi, jétais assise pétrifiée, envahie
de frissons, et parcourue en même temps dune joie intense. Des larmes
se mirent à couler sur mes joues, sans pouvoir sarrêter. Je remerciais
D.ieu pour le privilège dêtre revenue à Lui, moi la jeune fille de
cette histoire
Lhistoire vraie de ma délivrance, pour
laquelle D.ieu était descendu en personne dans les fins-fonds de
limpureté, pour me sauver, en même temps quun autre Juif
Extrait de "Courrier de la Gueoula", N° 392, Juin 2005.