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‘Hannoucah gelt de la part de Rabbi Lévi Its’hak
Efraïm
Fischel se morfondait dans son atelier.
Il vendait des peaux, de la meilleure qualité depuis des années,
et voici quelques mois que son commerce périclitait, sans raison apparente.
Les habitants de Roslavchi, en Ukraine, et des environs ne passaient plus
de commande.
Il lui fallut du temps pour découvrir que son concurrent, Vladeck,
qui ne le portait pas dans son cœur, avait ouvert à l’autre
bout de la ville un commerce où il vendait tout et moins cher. Même
les meilleurs clients d’Efraïm Fischel avaient fini par se laisser
séduire par les prix sans concurrence possible que leur proposait Vladeck.
Le temps passait, et rien ne s’arrangeait.
Efraïm Fischel passait le plus clair de son temps à étudier
dans son atelier.
L’hiver était arrivé, avec son manteau de neige, et les
rue de la ville étaient vides. Plus encore, l’atelier de Efraïm
Fischel, qui était maintenant réduit à la plus grande
pauvreté.
‘Hannoucah arrivait.
Les ‘Hassidim de Rabbi Lévi Its’hak de Berditchev n’étaient
pas hommes à se laisser décourager par une tempête de
neige, et renoncer à passer ‘Hannoucah auprès du Rabbi.
C’était un rendez-vous annuel, que personne n’aurait raté.
Efraïm Fischel se mit donc en route, pour arriver chez le Rebbe pour
l’allumage de la première bougie.
Après le premier allumage, Rabbi Lévi Its’hak se retira
dans sa chambre, laissant les ‘Hassidim baigner dans l’atmosphère
de sainteté auquel l’allumage du Rabbi les avait portés.
Une longue queue se forma devant la chambre du Rabbi, auquel se joignit Efraïm
Fischel, pour être reçu par le Rabbi en audience privée,
recevoir ses conseils et sa bénédiction.
C’est avec une grande émotion qu’Efraïm Fischel entra
dans la chambre du Rebbe. Avant même qu’il n’ouvre la bouche,
le Rabbi le salua, lui demanda comment il allait et quelle était la
situation de son gagne-pain.
Efraïm Fischel éclata en sanglots, et raconta toute l’histoire
de ces derniers mois.
Rabbi Lévi Its’hak resta songeur un long moment, les yeux fermés,
puis revint à lui.
"Dans quelques instants, il y aura le « Tisch » [littéralement
« table », réunion ‘hassidique chez les Tsaddikim,
durant laquelle le Rabbi mange un peu et parle surtout s’adresse aux
‘Hassidim]. En attendant, vas au Beth Hamidrach, et reviens me voir
après le Tisch".
Surpris, Efraïm Fischel quitta la chambre du Rabbi.Qu’est ce que
le Rabbi allait faire de particulier durant cette réunion, qui puisse
le sauver ?
A vrai dire, le repas se passa comme à l’accoutumée, sans
que Efraïm Fischel n’y décèle la moindre allusion
à son problème.
Il entra à nouveau dans la chambre du Rebbe.
"Je vais te donner ‘Hannoucah gelt", dit le Rabbi. Il prit
une feuille de papier, y écrivit quelques mots, plia la feuille, et
la remit à Efraïm Fischel.
« Demain, tu ouvriras ce papier après être sorti de la
ville, et tu le liras. Veilles à ne pas perdre ce papier, car si tu
le perds, tu en assumeras les conséquences… »
Le Rabbi répéta son avertissement tandis qu’Efraïm
Fischel quittait la chambre.
Efraïm Fischel ne dormit pas de la nuit. Il la passa à étudier,
tenant fermement le papier dans sa main.
Après la prière du matin, il se mit en quête d’un
cocher qui le ramènerait chez lui, et s’installa sur sa charrette.
Son impatience grandissait au fur et à mesure qu’il se rapprochait
de la sortie de Berditchev.
La course des chevaux était bien ralentie par l’épaisse
couche de neige, et le vent qui soufflait en tempête. On distinguait
à grand peine le chemin.
Lorsque le ‘Hassid ouvrit la feuille pour la porter à ses yeux,
un cahot déporta la charrette, et la feuille lui échappa des
mains, emportée par le vent. Elle virevoltait au-dessus du champ.
Efraïm Fischel fit arrêter la charrette, puis se mit à courir
derrière son papier. Courir est un bien grand mot lorsqu’on a
de la neige au-dessus des genoux, mais Efraïm Fischel fit ce qu’il
put. A chaque fois qu’il s’apprêtait à l’attraper,
un nouveau coup de vent relançait la course. Essoufflé, Efraïm
Fischel finit par se jeter sur le papier qui venait de se poser sur le sol.
Il l’ouvrit avec émotion.
« Lévi Its’hak ben Sarah Satche »….
Efraïm Fischel lut et relut le papier, déçu.
« C’est ça l’histoire ? Ce papier va me sortir de
la pauvreté et de toutes mes frustrations ? »
Il rassembla ses forces pour se relever, regagner le cocher, mais trébucha
sur un objet lourd sous la neige. Il baissa le regard pour comprendre ce qui
l’empêchait d’avancer, et aperçut un coffre enfoui
sous la neige.
Il souleva le coffre, et l’ouvrit, non sans étonnement : le coffre
était rempli de pièces d’or! Les mots du Rabbi lui revinrent
en tête : « Je vais te donner ‘Hannoucah gelt »
Traduit
de Sihat Hachavoua,N° 1510, ‘Hannoucah 5776.