Les fêtes juives:
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Pessa'h dans le Temple, vu par un citoyen romain.

Rabbi Chlomoh Ibn Warga (1460-1554) relate dans "Chevet Yehouda" les malheurs et misères arrivés aux Juifs dans les royaumes d'Espagne, du Portugal et Ottoman.
Au Chapitre 64, (la 64ème persécution!), il relate les velléités d'Alfonse VI d’Aragon( 1416-1458) de construire un Temple à l'exemple du Temple de Jérusalem, déclarant posséder des plans établis par Titus.
C'est son conseiller Versores [Jean Versor, dit aussi Jean Letourneur, philosophe français du XVe siècle, (1420?-1477], qui entreprit de l'en dissuader, devant la difficulté de l'entreprise. Et de citer à l'appui un document trouvé à Rome, établi par Marcus Consul romain, relatant en une dizaine de chapitre l'histoire et l'archéologie du Temple, les détails de sa construction, et deux détails du Culte tel que relaté par les Prêtres, car en tant que non Juif il n'avait pas le droit de s'y rendre.
La première histoire est consacrée au Korban Pessa'h, la seconde aux préparatifs de Kippour.
Lorsque le Roi eut pris connaissance de la magnificence du Temple, il fit persécuter les juifs pour ne pas avoir su garder une telle grandeur…
Le livre Chevet Yéhoudah a fait l'objet d'une revue critique (et fort critique) dans la REJ, Revue des Etudes Juives vol 24 de 1892.
Voici quelques extraits du courrier que Mr Gérard Nahon, historien, a bien voulu m'adresser à son propos:

La chronique de Shelomo Ibn Verga, Sefer Shevet Yehuda, éd. Azriel Shohet et Isaas Baer, Jérusalem 1947 pp. 128-141 contient un long dialogue entre le roi ( Alfonse VI d’Aragon( 1416-1458) et Versoris traitant du judaïsme et du Temple de Jérusalem et affirmant p. 130 ; « et je n’ai rien trouvé si ce n’est un cahier de Marcus consul romain siègeant comme juge des Juifs de Jérusalem, ceci à la demande des Romains parce qu’ils voulaient construire une maison avec cette même image ».
Dans ses notes p. 2001 l’éditeur savant signale bien Johannes Versoris et son traducteur mais déclare que tout le morceau n’est qu’une invention de l’auteur.
Il conviendrait de pousser plus loin la recherche sur Jean Versor, sur ses relations possibles avec les juifs, sur la raison pour laquelle le morceau est porté à son crédit et enfin si un document latin a existé.

Dans son Siddour Beith Ya‘aqov, Rav Ya‘aqov Emden (1697-1776) rapporte la description enregistrée par un fonctionnaire romain en poste à Jérusalem qui fut le témoin oculaire de la célébration de Pessa‘h dans le deuxième Temple peu de temps avant sa destruction.
Extrait de TALELEI OROTH (Perles de rosée) -
Recueil de commentaires sur la Haggada de Pessa'h par Yissakhar Dov Rubin -
Adaptation française : Jacques KOHN - Editions EMOUNAH, Jérusalem

Ce récit, écrit par un non-Juif, consigné dans le séfèr Chévèt Yehouda de Chelomo Ibn Varga (1460-1554) au nom de Versores, conseiller du Roi Alphonse X (1252-1284), confirme toutes les lois écrites et orales relatives au sacrifice pascal et à d’autres services dans le Beith hamiqdach, telles qu’elles nous sont enseignées par nos Sages.
La description de cette cérémonie par ce fonctionnaire romain laisse transparaître l’impression profonde qu’elle a faite sur lui. L’admiration qu’il y exprime nous permet de nous faire une certaine idée de l’atmosphère particulière qui régnait dans la Maison de Hachem sur terre et de sa merveilleuse splendeur. Elle nous fournit aussi l’occasion de nous rendre compte de l’immense perte que nous avons subie à cause de nos péchés. Il convient donc de la lire attentivement, et de supplier ensuite le Saint béni soit-Il de reconstruire Sa Maison à Jérusalem et d’y rétablir les services d’antan. En voici le récit :


« Quand arrive le début du mois qu’ils appellent Nissan, le roi et les juges envoient des coursiers et des messagers pour faire hâter par les bergers des alentours l’envoi à Jérusalem de bétail et de moutons. Ils doivent livrer assez de bétail pour satisfaire les besoins – tant sacrificiels que personnels – des pèlerins présents pendant la fête, qui arriveront bientôt en très grand nombre…
Les bergers font passer leurs animaux à travers une rivière près de Jérusalem afin de les nettoyer. C’est, prétend-on, ce que Chlomo a voulu dire dans le verset (Chir ha-Chirim 6, 6) : “Tes dents sont comme un troupeau de brebis qui remontent du bain.” Lorsqu’ils atteignent les collines autour de Jérusalem, les moutons sont si nombreux que le vert de l’herbe disparaît complètement sous l’immensité blanche de leur laine.
Quand arrive le dix du mois, ils vont tous acheter une offrande qu’ils appellent un Pessa‘h. Les Juifs ont une tradition bien établie selon laquelle, lorsqu’ils sortent à cette fin, ils ne se disent pas les uns aux autres : “Avancez! ”, ou : “Laissez-moi passer! ”, et que même le roi Chlomo ou le roi David ne bénéficieraient d’aucune priorité.
J’ai fait remarquer aux prêtres que cette attitude était contraire aux convenances, mais ils m’ont expliqué que c’est pour montrer que le statut social n’a pas à intervenir dans la préparation pour le service de Temple, et encore moins pendant le service lui-même. A ces moments-là, tout le monde se trouve sur un pied d’égalité.
Quand arrive le quatorze du mois, [les prêtres] dressent une rampe vers une tour du Temple, que les Hébreux appellent le loul… Ils se munissent de trois trompettes d’argent et en sonnent. Et après qu’elles ont retenti, ils annoncent : “Peuple de Hachem, écoute! L’heure est venue d’égorger le sacrifice pascal pour Celui qui a fait résider Son Nom sur cette grande et sainte maison! ”
En entendant cet appel, les gens revêtent leurs habits de fête, car les festivités commencent pour les Juifs à midi, heure à laquelle on commence à apporter les sacrifices. A l’entrée de la Grande Cour, douze Lévites se tiennent à l’extérieur en tenant des sceptres d’argent, et douze à l’intérieur avec des sceptres d’or. Ceux de l’extérieur maintiennent l’ordre dans la foule, veillant à ce que personne ne soit blessé ou écrasé, et à ce que la ruée vers la Cour se passe sans désordre. Une fois, la bousculade a été si forte qu’un vieillard et son offrande ont été piétinés par la foule. Les Lévites à l’intérieur surveillent l’entrée de la foule. Ils ferment les portes de la Cour quand ils estiment qu’il n’y reste plus de place.
Lorsque les gens atteignent l’endroit où s’effectue l’égorgement, ils sont accueillis par des rangées de prêtres qui tiennent en main des louches en argent et en or. Tous les prêtres d’une rangée dont le premier tient une louche en argent tiennent aussi des louches du même métal. Tous ceux dont le premier saisit une louche en or tiennent également des louches en or.
Cela crée une ambiance de magnificence et de splendeur. Le prêtre situé au début de chaque rangée prend une louche remplie de sang et la transmet à celui derrière lui, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’elle atteigne l’autel.
Le prêtre qui se tient debout sur l’autel restitue la louche vide au prêtre le plus proche de lui, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’elle revienne au site d’abattage. De cette façon, chaque prêtre prend une louche pleine et rend une louche vide. L’opération entière s’effectue dans le calme, les prêtres étant si bien entraînés dans leur tâche que les louches vont et viennent dans les deux sens comme des flèches tirées par des archers aguerris. Ils commencent de s’exercer trente jours auparavant afin de pouvoir détecter ce qui pourrait ralentir le processus et entraver son bon fonctionnement.
Sur deux grandes estrades se tiennent deux prêtres munis de trompettes d’argent. Ils en sonnent au début du service sacrificiel de chaque groupe qui entre dans la cour, signalant ainsi aux prêtres rangés sur la tribune qu’ils doivent entonner le Hallel avec chants et actions de grâces, en jouant de tous les instruments en leur possession. Ils sont en effet tous utilisés ce jour-là.
Le propriétaire de l’animal sacrifié doit aussi réciter le Hallel, et il doit le répéter si l’abattage n’a pas encore été achevé.
Après que leur animal a été abattu, les gens entrent dans les cours. Ils y trouvent sur les murs des crochets de fer et des fourches pour l’y accrocher et pour le dépecer. Il y a aussi des piles de mâts à utiliser pour enlever les peaux en l’absence de fourches. Les mâts, sur lesquels sont suspendues les bêtes, sont placés sur les épaules de deux personnes et la peau est enlevée. Les parties appropriées sont offertes sur l’autel et les propriétaires rentrent chez eux heureux et satisfaits, comme des soldats revenant victorieux du champ de bataille. Les Juifs ont toujours considéré comme un déshonneur de ne pas apporter le sacrifice pascal en temps voulu…
Les fours dans lesquels ils rôtissent le sacrifice se trouvent aux entrées, et l’on m’a dit que c’est pour rendre publique leur foi en Hachem et rehausser la célébration de la fête. Après que la viande a été rôtie, elle est mangée avec de si vibrantes expressions de louanges et de chants qu’on peut les entendre de très loin. Aucune des portes de la ville de Jérusalem n’est fermée en cette nuit de Pessa‘h, et ce afin que l’on puisse accueillir les multitudes de gens qui vont et qui viennent.»

Aharon
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