Bentsi était un jeune israélien moyen de 32 ans, élevé dans une maison à peine traditionnaliste.
Lorsque son jeune frère commença à se rapprocher des chemins de la Torah, Bentsi décida de se rapprocher de sa véritable identité, et commença à observer les Mitsvoth.
Pessa’h approchait et son frère lui conseilla d'acheter des Matsot chemourot, faites à la main à partir de farines très surveillées pour ne pas être en contact avec du hamets.
Il lui donna même la "meilleure adresse", le Kollel Habad de Jérusalem dans la vieille ville.
Dès le lendemain matin, Bentsi prit le bus de Maalei Adoumim pour s'y rendre.
Ce ne fut pas facile pour s'y retrouver dans le dédale des rues du quartier juif de la Vieille Ville, et lorsque Bentsi y arriva enfin, il fut surpris de trouver le lieu désert, hormis un vieil homme qui lui confirma qu'il était bien au Kollel Habad, mais qu'il n'y avait plus de Matsot. Tout était déjà vendu.
"Déjà vendu, deux semaine savant Pessa’h?" demanda Bentsi incrédule.
"Déjà vendu!"
"Peut être pouvez vous me dire où je peux encore en trouver?"
"Allez voir Hamafits, chez Gerchon Henich Cohen, rue du Méah Chearim. Tout le monde connait son adresse, mais dépêchez-vous!"
Bentsi souhaita un bon Pessa’h à son interlocuteur et se précipita vers le Méah Chearim.
Non sans se questionner sur cette bizarrerie d'un vendeur de Matsot qui n'a plus de Matsot 15 jours avant la fête. Combien de centaines de familles vont courir dans tous les sens pour en trouver…? Et où?
Il réalisa soudain qu'il s'était perdu. Il ne reconnaissait pas la rue, et il était dans une ruelle en pente qui donnait sur une rue de grand passage, derrière lui.
Il chercha du regard quelqu'un à qui demander son chemin, mais entendu soudain un bruit étrange. Une poussette de bébé dévalait la ruelle dans sa direction, et se dirigeait droit vers la grande rue très fréquentée … s'il n'intervenait pas.
Bentsi était comme paralysé à l'idée de ce qui allait se passer. D'un côté le bruit du landau qui allait de plus en plus vite, de l'autre le bruit de la circulation derrière lui. Il se mit enfin à courir vers le landau, et parvint à le stopper sans tomber, ni le renverser.
A l'intérieur un tout petit bébé. Il venait de lui sauver la vie!
Il remonta la rue avec le landau jusqu'à apercevoir un jeune couple en pleine discussion devant la vitrine d'un magasin.
Quel ne fut pas leur étonnement, puis leur gêne lorsqu'ils comprirent ce qui venait de se passer.
"Quelle chance que le Kollel Habad n'avait plus de Matsot" pensa-t-il.
Oups… mes Matsot!"
Il quitta rapidement le couple, refusant toute récompense pour son geste.
Il erra encore un peu, avant de trouver Hamafits, et y entra pour demander un paquet de matsah Habad faite à la main.
Guerchon Cohen s'étonna.
"Des Matsot? Nous n'en vendons pas ici. Nous n'en avons jamais vendu. Si vous avez besoin de livres, de Tefilin ou de Talith, ça nous en avons. Peut être voulez vous un napperon pour couvrir les Matsot? Non? Pour les Matsot allez au Kollel Habad, ils en ont"
"Mais j'en reviens à l'instant. Le vieux monsieur m'a dit qu'il n'y en a plus et m'a conseillé de venir chez vous. C'est bien Hamafits ici n'est-ce pas ?"
"Ecoutez moi bien, répondit Guerchon, l'air malicieux. Je suis heureux de vous voir ici, à Hamafits. Vous pouvez venir quand vous voulez, même tous les jours, vous serez accueilli avec plaisir. Mais nous ne vendons pas et n'avons jamais vendu des Matsot. Je ne peux pas croire qu'il n'y en a plus au Kollel Habad. Peut être vous êtes-vous trompé d'adresse là-bas. Dans tous les cas ici, il n'y en a pas".
Une demi-heure plus tard, Bentsi était à nouveau au Kollel Habad.
Derrière le comptoir, c'était quelqu'un d'autre.
"Avez-vous des Matsot Chemourot? J'étais là tout à l'heure, et un vieux monsieur m'a dit qu'il n'y en avait plus"
Un vieux monsieur? Plus de Matsot? Nous en avons autant que vous en voulez, venez voir". Et dans le stock derrière, des cartons empilés jusqu'au plafond témoignaient … Des centaines, des milliers de paquets…!
Vous en voulez combien? Cinq cent ça vous suffira?
Quant à votre vieux monsieur, sachez qu'il n'y a personne de cet âge ici. Peut être étiez vous dans un autre endroit?
Bentsi acheta ses Matsot, et passa un Pessa’h différent de tous les autres. Il dut admettre que ce vieux 'Hassid n'était autre que le Prophète Elie que Hachem avait envoyé pour sauver ce bébé.

Raconté par Rabbi Tuvia Bolton, Yeshiva Ohr Tmimim, Kfar Chabad, Israel

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