Le miracle de Pourim

L'histoire de Pourim, telle que la relate le Livre d'Esther (que nous-appelons d'ordinaire la Meguilah), est bien connue. C'est une histoire fascinante que nous lisons chaque année avec un intérêt renouvelé, la nuit et le matin du jour de Pourim. Elle se présente comme un récit où il est difficile de relever quelque chose d'aussi surnaturel que le Miracle de l'Huile, par exemple, et que nous célébrons à 'Hanouccah. Néanmoins, aussi bien à Pourim qu'à 'Hanouccah, nous récitons l'action de grâces "qui a opéré des miracles pour nos aïeux ", et nous faisons une prière commençant par "et pour les miracles". Où réside donc le miracle de Pourim ?
La réponse est la suivante : la position des juifs dans l'Empire perse était très solide avant que Haman eût pris le décret ordonnant leur extermination. La Meguilah ne laisse aucun doute là-dessus. La reine, épouse du puissant empereur Assuérus, était une juive ; son cousin Mordekhaï, chef de la communauté israélite, était l'un des ministres du souverain, à qui, au surplus, il avait eu l'occasion de sauver la vie. Puissants et influents à la Cour, que pouvaient avoir à craindre les juifs ? Pourtant, c'est juste à ce moment-là que le terrible décret fut pris, qui ordonnait leur massacre à tous, hommes, femmes et enfants, en un seul jour, dans tout l'Empire Perse. Jamais auparavant, les juifs n'avaient eu à affronter une situation aussi tragique. Ils passaient sans transition d'un extrême à l'autre, de la sécurité la plus totale au danger le plus grave, sans aucune possibilité apparente d'y échapper. Nulle part où fuir, car l'Empire Perse englobait le monde entier d'alors ; sa domination s'étendait à 127 pays et provinces. De plus, comme le souligne la Meguilah, le décret avait été signé, scellé et son exécution ordonnée. Or les lois de l'Empire interdisaient que les décrets, une fois pris, furent rapportés ou modifiés. En conséquence, dans l'ordre naturel des choses, le sort des Juifs était scellé. Rien ne pouvait le changer.
Pourtant, encore une fois, un renversement total se produisit, et les jours de tristesse se transformèrent en jours de joie. Tant et si bien qu'une grande partie de la population non juive désira ardemment embrasser la foi juive et se joindre au peuple d'Israël pour partager avec lui son triomphe.
Nul doute que c'était là un changement miraculeux. Qu'est-ce qui expliquait ce miracle ? Le fait que les juifs avaient fait retour à D-ieu par la prière et le repentir. Pendant presque une année entière (du mois de Nissan, où fut pris le décret, au 13 Adar) les juifs ne dévièrent pas- d'un cheveu dans leur fidélité à D-ieu et à leur foi. Cette foi, ils auraient pu assurer leur salut en y renonçant, puisque le décret de Haman était dirigé contre les Juifs, et qu'il suffisait à ces derniers, pour y échapper, d'abjurer la foi de leurs aïeux et d'embrasser la religion perse. Mais, avec Mordekhaï, ils préféraient mourir en juifs plutôt que vivre en non-juifs. S'étant ainsi, de tout leur coeur, unis à D-ieu, ils échappaient à la sujétion aux lois et aux limitations de la nature; la délivrance surnaturelle et miraculeuse était assurée.

La grande, l'éternelle leçon de Pourim est que nous juifs, devons toujours nous souvenir que nous sommes une petite minorité parmi les nations du monde ; un monde hostile, et dont chaque génération a son "Haman ". Si la Torah nous dit, d'une part, de ne pas compter sur les miracles, et d'autre part que nous ne devons et ne pouvons pas compter sur notre force ou sur nos "amis", nous comptons en définitive sur D-ieu. Par le moyen de la Torah et des Mitzvoth, nous nous attachons à la puissance et à la protection illimitées de D-ieu. C'est cet attachement à notre Créateur, par la Torah et les Mitzvoth, qui a été et sera toujours notre force et notre salut.