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Les
fêtes juives |
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Pourim Quelques notes sur la Méguilah d'Esther. |
Chapitre
1 |
I,
1: Ce fut aux jours d'Ahachveroch |
Chaque
fois que l'on emploie l'expression "Ce fut aux jours de"
c'est pour introduire un évènement malheureux (Traité
Méguila 6, 2) |
I,
5 et 6: Le Roi fit pour le peuple un festin de sept jours dans les dépendances
du parc du palais royal. Ce n'étaient que tentures blanches,
vertes et bleu azur, brodées de cordons de fin lin et de pourpre
étendues sur des accoudoirs d'argent et des colonnes de marbre,
des divans d'or et d'argent sur des mosaïques de porphyre, de marbre
blanc, de nacre et de marbre noir. |
L'ordre
des choses nous montre ici la force du mauvais penchant. Il intervient progressivement chez l'homme. Au début se passionne pour la nourriture et la boisson. Puis les vêtements de valeur, après quoi l'or et l'argent, puis les pierres précieuses. Et cela ne suffit pas, un jour il en vient à souhaiter que même le sol soit de pierres de valeur. (Gaon de Vilna) Sur des mosaïques de porphyre, de marbre blanc, de nacre et de marbre noir: il s'agit de pierres précieuses. (Rachi) A'hachveroch a voulu montrer ainsi à quel point l'argent, l'or, les pierres précieuses étaient pour lui des objets sans valeur. Il a donc inversé l'ordre des choses. Du plus cher, il a fait un dallage que tous foulaient. Puis il a posé dessus des divans d'or et d'argent, de moindre valeur que les pierres précieuses. (Le Talmud, Méguilah 12, dit à ce propos que les divans étaient en argent, soutenus pas des pieds en or). Sur des accoudoirs en argent étaient étendus des tentures de lin et de pourpre, qui masquaient l'argent, l'or et les pierres précieuses. (Kitsour Alcheikh. ) |
I, 8: La boisson était selon la règle, il n'y avait pas de contrainte. Car le Roi avait décrété aux maîtres d'hôtel de faire selon la volonté de l'un et de l'autre |
L'usage
des Rois de Perse était d'"honorer" leurs invités en leur
servant du vin dans une coupe géante que l'invité se devait
de vider jusqu'au bout, sous peine d'incommoder le Roi. Quitte à
s'étrangler en buvant ou à s'éclater la panse,
cet usage était incontournable. Cet usage faisait le bonheur
des échansons, qui étaient grassement payés par
les invités pour fermer les yeux sur les manquements au protocole. C'est cet usage que fit abolir A'hachveroch lors de ce banquet. Chaque invité recevait le vin de son choix, voire de son pays, dans une coupe à sa mesure. |
I,
8: La boisson (chetiyah) était selon la règle: il n'y
avait pas de contrainte, car le Roi avait décrété
aux maîtres d'hôtel de faire selon la volonté de
l'un et de l'autre. |
Rabbi
Tsvi Hirsch de Riminov enseigne de ce verset l'importance de l'étude
de la Torah. La Torah est appelée "even hachetiyah" (Pierre fondatrice
sur laquelle reposait l'Arche dans le Saint des Saints). La "chetiyah"
était selon la règle: si un homme étudie la Torah
par amour, selon la règle, car c'est ainsi que cela doit être,
sans contrainte, alors, le Roi, le Roi du Monde, décrète
qu'il sera fait selon la volonté de chacun, d'exaucer les demandes
de ce juif. Rabbi Chmelke de Nicolasbourg commentait de façon identique: "celui qui boit de l'eau pour sa soif, il dit "que tout existe par sa parole" (Il doit réciter la bénédiction "béni sois Tu … que tout existe par sa parole"). L'eau, c'est la Torah. Celui qui boit, qui étudie la Torah avec envie et passion, D.ieu dit de lui "que tout existe par sa parole", c'est à dire "que tout ce qu'il dit soit accompli". De faire selon la volonté de l'un et de l'autre. L'un et l'autre, Mordekhaï et Haman tenaient à ce que nul ne soit forcé de boire. Mordekhaï, afin qu'ils ne soient pas contraints à participer au festin du roi et à consommer des mets interdits. Haman, car il savait que si les juifs consommaient de leur propre volonté des mets interdits, ils se rendaient coupables devant D.ieu. Car le Roi avait décrété aux maîtres d'hôtel de faire selon la volonté de l'un et de l'autre - Mordekhaï ou Haman. Le Saint Rabbi Chalom de Belz voyait ici une expression du libre arbitre donné à chacun. On connaît le principe qu'à chaque fois que la Méguilah cite "le Roi" sans préciser "le Roi A'hachveroch" cela désigne D.ieu, le Roi du Monde. Il faut donc lire "ainsi le Roi du Monde a décrété qu'il soit fait selon la volonté, chaque individu a le libre choix. S'il veut, il devient un Juste comme Mordekhaï, s'il veut il devient un impie comme Haman. |
I,
7: Le septième jour pris dans les vapeurs de vin,(…) le Roi ordonna
d'amener Vashti la Reine devant le Roi, ceinte de (sa seule) couronne
royale pour montrer aux peuples et aux princes sa beauté, car
elle était belle. |
Le
septième jour, Nos Sages ont dit que c'était un Chabbath.
(Rachi). |
I,
12: La Reine Vashti refusa de se présenter |
Nos
Sages ont dit qu'elle avait été frappée de lèpre,
afin qu'elle refuse et soit perdue. Ceci parce qu'elle faisait travailler
les jeunes filles d'Israël nues, et les faisait profaner Chabbath.
Elle fut appelée à se présenter nue, ceinte de
sa seule couronne royale, et fut condamnée ce Chabbath. Vashti régnait sur 127 provinces, et fit transgresser Chabbath à ses servantes juives. Elle fut punie au terme de 127 Chabbath. Son règne fut de deux ans, avant que le Roi A'hachveroch ne fit son fameux festin. Ajoutez les 180 jours du festin, vous arrivez à 888 jours. Au septième jour du festin de clôture, on arrive au 127ème Chabbath durant lequel Vashti fut condamnée pour rébellion. La Reine Vashti Lorsque A'hachveroch l'envoie chercher, elle est Vashti la Reine. Une roturière devenue reine par le fait de son alliance avec le Roi. Mais Vashti était fille de Balthazar et petite fille de Nabuchodonosor, dont A'hachveroch avait usurpé le trône. Elle était donc reine avant d'être femme de roi, et c'est ce qu'elle fit sentir dans sa réponse "La Reine Vashti refusa de se présenter". (Gaon de Vilna) Ainsi donc le texte nous montre comment D.ieu fait les choses pour arriver à sa finalité. A'hachveroch avait décidé qu'il sera fait selon la volonté de chacun, même le plus petit de ses sujets. Et pourtant il a décidé de forcer la Reine, fille de Roi, à se présenter devant tous contre son gré. Il avait souhaité montrer sa puissance à tous, et même sa femme lui a dénié cette puissance. Tout ceci pour que D.ieu mette en place la Reine Esther. |
I,
13. "Le Roi s'adressa aux Sages initiés à la connaissance
des temps…" |
Rabbi
Berich Meizlich expliquait ainsi: "initiés à la connaissance
des temps", ce sont les politiciens, qui savent changer d'avis et s'adapter
leurs points de vue aux nouvelles données de l'époque,
selon la direction d'où souffle le vent. Sippourei Ha'hag, Ména'hem Mendel. |
I,
19. S'il plaît au Roi, que soit édicté un ordre
de par lui, qui sera enregistré parmi les lois de Perse et de
Médie et ne pourra être annulé, ordonnant que Vachti
ne paraisse plus devant le Roi, et sa couronne sera attribuée
à une autre plus méritante. |
Le
conseiller Memoukhan, il s'agit de Haman, suggère au Roi une
manœuvre contraire à l'usage. Il convenait en effet que A'hachveroch
s'entoure de ses conseillers juridiques (comme vu plus haut verset 13:
"car ainsi la parole du Roi est soumise à ceux qui connaissent
la loi et l'usage"). Il lui suggère en effet que l'ordre soit
édicté directement par le Roi, sans s'être avisé
de la position de ses conseillers. C'est ainsi que fut entériné
un principe nouveau selon lequel le Roi n'avait pas besoin des Ministres
pour prendre une décision. C'est en vertu de ce principe que
le Roi put décider de lui même, à l'emporte pièce,
de pendre ce même Haman. |
I,
21. Le Roi agit selon la parole de Memoukhan. |
Il
en va ainsi devant le Roi du Monde: Memoukhan, dans le sens de moukhan,
prêt, préparé. En fonction de ce que l'homme a préparé
dans ce monde, D.ieu ajuste ce qu'il distribue dans les mondes matériels
et spirituels. |
I,
22. Le Roi adressa des missives à toutes les provinces de son
royaume, chaque province selon son dialecte et chaque peuple selon sa
langue, instituant que chacun soit maître dans sa maison, et puisse
s'exprimer dans la langue de son peuple. |
A
vrai dire, il n'y avait aucun problème sur l'usage des langues
régionales, et on peut se demander pourquoi le décret
royal entérine l'usage des dialectes locaux. Mais pour éviter au roi un décret qui n'avait comme motivation qu'effacer l'affront public qu'il venait de recevoir, il fallait bien lui donner un prétexte plus officiel… |