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des fêtes juives
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" La
Rabbanit au bâton": c'est ainsi qu'on surnommait la Rabbanit Myriam
Hayah de Schaatz. Fille de Rabbi Méïr de Premichlan le second,
elle était restée veuve de Rabbi Yoël de Schaatz.
Elle devait ce surnom à la canne qu'elle avait reçue de son
père, et comme son père, elle donnait des bénédictions
et accomplissait des "miracles" et ce qu'elle faisait pour le bien
des juifs qui frappaient à sa porte du matin au soir n'avait rien à
envier aux interventions des autres Tsadikim de son temps.
Nul ne doutait que lorsque son père lui avait accordé sa canne,
il lui avait fait passer ses dons et pouvoirs de bénir et agir en faveur
du Peuple d'Israël.
C'est ainsi que des malades guérissaient, des femmes enfantaient, et
que la réussite accompagnait ceux qu'elle recevait.
Il arriva que le Rabbi Israël de Vijnitz, l'auteur du "Ahavat Israël",
vint à Schaatz pour visiter son frère.
Ce fut un grand honneur pour la ville, et aussi pour le frère, qui
veilla à accorder de grandes marques de respect à son frère,
et le Rabbi lui-même entoura son frère de grandes marques de
considération.
Mais peut-on passer à Schaatz sans visiter la Rabbanith? D'autant que
Rabbi Israël saurait souhaiter comprendre d'où venait à
cette femme le si grand mérite de pouvoir prier et être entendue.
Soucieux de ne pas laisser croire à son frère qu'il était
venu à Schaatz pour rencontrer la "Rabbanit au bâton",
Rabbi Israël attendit le moment propice pour se rendre sans sa suite
chez la Rabbanit.
Il demanda à un enfant dans la rue de l'accompagner jusque dans sa
maison.
C'est la Rabbanit Myriam Hayah elle-même qui leur ouvrit la porte.
Elle invita le Rabbi à rentrer et s'asseoir, et la conversation s'engagea.
"Veuillez me pardonner, mais j'ai une question …"
La Rabbanit hocha de la tête, et le Rabbi poursuivit:
"On sait que le pouvoir d'accomplir des merveilles est donné aux
Justes par le mérite de la Torah qu'ils étudient. Mais vous,
d'où tirez-vous cette force? J'avais une tante qui était la
fille du "Torat Haïm", elle-même une grande tsaddeket,
et malgré cela elle n'avait pas ce mérite d'être exaucée
d'en haut"
répondit immédiatement: "de Leibke le voleur…"
Rabbi Israël s'arrêta interloqué. Que voulait donc dire
une telle réponse?
La Rabbanit esquissa un sourire et continua:
"Mon père le Rabbi avait la coutume, à l'issue de Roch
Hachanah, de se tenir à la fenêtre de sa chambre, et tous les
habitants de la ville passaient. Il leur tendait la main et leur accordait
une bénédiction de "bonne année".
A Premichlan, beaucoup de juifs vivaient dans une grande misère et
certains d'entre eux ne supportaient pas cette épreuve et volaient
leurs frères. Cela donnait d'ailleurs du travail à nombre de
juifs que les riches employaient pour monter la garde. Un des voleurs les
plus doués était Leibke, qui jamais ne fut attrapé la
main dans le sac. Discret, habile, rapide, il avait "mérité"
ce surnom de Leibke le voleur. Tous savaient qu'il était derrière
les plus grands coups dans la ville, mais on ne pouvait rien faire contre
lui.
Une année, Leibke eut envie de recevoir lui aussi une bénédiction
de mon père. Mais chemin faisant, il se rendit compte que le, Rabbi
n'accepterait jamais de bénir un voleur pour que D.ieu lui accorde
la réussite…
Il se mit dans un coin, et attendit le moment propice: mon père était
absorbé dans ses pensées, et aucun de ses 'Hassidim ne se tenait
avec lui. Il s'approcha par le côté, et frôla la manche
de mon père, pensant que le Rabbi ne le dévisagerait pas.
Sans se retourner, mon père rugit: "tu voles le monde entier,
et tu penses même me voler une bénédiction?"
Leibke fut saisi d'effroi. Il faillit s'enfuir, mais se ressaisit.
"Pas du tout Rabbi; je ne suis pas venu prendre une bénédiction
à la dérobée. Je suis venu vous demander votre sainte
bénédiction. Si là haut il a été décidé
qu'un des juifs de la ville doit perdre son argent, cela passe par moi…"
La réponse plut à mon père. Il se tourna vers Leibke,
lui tendit la main et lui souhaita une bonne année."
La Rabbanit Myriam Hayah arrêta un instant son récit.
J'étais dans la pièce, et j'avais vu toute la scène,
et le sourire de satisfaction de mon père devant cette réponse
de Leibke. Je me suis dit que moi-même je devrais profiter de cet instant
de grâce.
Après le départ de Leibke, je m'approchai de mon père:
"Moi aussi je demande que si la haut on a décidé qu'un
juif a besoin de bénédiction et de délivrance, que cela
passe par moi…"
Mon père accepta ma demande et m'accorda sa bénédiction.
C'est ainsi que grâce à Leibke le voleur j'ai mérité
que tant de juifs soient bénis et délivrés …
Traduit de Sihat Hachavoua N° 1341, Elloul 5772