Les fêtes juives
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Notre Père ou notre Roi?

Cela faisait des années que la Russie n'avait pas connu une telle famine.
Les produits de base manquaient, ou se vendaient à des prix exorbitants, et l'activité économique avait cessé. Les juifs, interdits de résidence en ville, vivaient dans les villages de travaux agricoles, et étaient durement frappés par la famine.
Diverses maladies liées à la dénutrition sévissaient, notemmant auprès des enfants et des personnes âgées.
C'est à cette époque que vivait le Saba de Chipoli [Rabbi Arieh Leib de Chipoli, 1724 - 1811, appelé le Grand père de Chipoli], connu pour son érudition, mais surtout sa piété et ses dons pour opérer des miracles.
Nombreux furent ceux qui se tournèrent vers lui pour intercéder auprès des Cieux et demander la Miséricorde Divine.
Le Rabbi s'enferma une journée entière dans son bureau, sans manger, sans recevoir le monde.
Puis décida de "faire" quelque chose.
Il écrivit dix lettres, à dix grands Tsadikim de la génération, pour les inviter à une rencontre urgente.
Il n'avait pas donné de motif à cette convocation surprise, mais au vu de la situation, les Justes savaient que le Saba avait certainement de bonnes raisons de les appeler d'urgence.
Peu de temps après, ils étaient tous là, devant le Saba.
"Mes amis, je ne vous aurais pas dérangés de si loin, si la vie de nos frères juifs n'était pas en danger.
J'ai l'intention de convoquer D.ieu en Din Torah "
Les dix Tsadikim se figèrent avec crainte et étonnement.
"J'ai besoin de dix Justes pour constituer un tribunal, êtes-vous prêts à me suivre?"
Ils se tournèrent les uns vers les autres, d'un signe d'assentiment. "Nous sommes avec vous!"
Le Saba se tourna vers le Chamach, et lui demanda de proclamer qu'avec l'accord de la Sainte Assemblée ci présente, Rabbi Arieh Leib convoque D.ieu pour un Din Torah qui aura lieu dans trois jours.
Et de rappeler que lorsqu'un plaignant convoque son adversaire, il doit se déplacer là où réside l'adversaire, mais puisque la place de D.ieu est partout dans le monde ("melo kol haarets kevodo, Sa Gloire emplit le monde), alors la salle du Beth Din est considérée comme Son Emplacement.
Ce ne fut pas trois jours faciles pour les Tsadikim, occupés à jeuner, prier, faire techouva. La nuit tombée ils mangeaient un peu et poursuivaient leurs préparations.
Au troisième jour, ils se réunirent à nouveau dans la Salle du Beth Din, avec crainte et humilité. Ce n'est pas chose aisée de convoquer D.ieu au tribunal! Qui sait où peut mener une telle audace? Mais pour le sort des Juifs de Russie, et compte tenu de la grandeur de Rabbi Arieh Leib, il ne devait pas y avoir de place pour la moindre hésitation.
Le Doyen du Beth Din énonça la convocation de … D.ieu au jugement demandé par Rabbi Arieh Leib ben Sarah, puis se tourna vers le plaignant pour qu'il détaille ses reproches.
<<Dans la prière de Roch Hachanah, nous implorons "Avinou Malkénou, notre Père, notre Roi".
De deux choses l'une. Si D.ieu est notre père et que nous sommes ses enfants, il Lui revient de s'occuper de ses enfants. Et si le fils a fauté, où est la faute des tout petits? >>
Le Saba se mit à sangloter, puis continua:
<<Et si nous ne méritons pas le traitement d'un fils, alors D.ieu se comporte avec nous comme un Roi avec ses serviteurs. Et la Torah contraint le maître à nourrir son esclave, même si celui-ci a fauté. Surtout que le responsable de cette faute c'est D.ieu Lui-même qui a mis dans le cœur de ses serviteurs le mauvais penchant.>>
Rabbi Arieh Leib parla longuement, le visage enflammé et baigné de larmes.
Puis il se tourna vers les Dayanim, et leur demanda de prononcer la justesse de ses arguments et de juger pour le bien du Peuple Juif.
Puis il sortit pour laisser les juges délibérer. Lorsqu'ils eurent fini d'examiner les arguments du Saba, étayé ses propos par des références aux textes sacrés et des Décisionnaires, on le fit entrer.
<<Attendu que tous les griefs du plaignant sont fondés et justes, nous proclamons que d'après la Loi de la Torah le défendeur est obligé de subvenir aux besoins des femmes et enfants du Peuple d'Israël. Il devra agir au-delà même de cette obligation, et donner subsistance à tous les Enfants d'Israël. Nous sommes certains que si D.ieu prend soin d'eux, ils feront tous Techouva et Le serviront de tout leur cœur.>>

Quelques jours plus tard, on apprenait que le gouvernement avait décidé de transférer d'énormes quantités de blé et des nourritures de base depuis des entrepôts lointains.
Les marchands se dépêchèrent d'abaisser les prix de vente de peur de tout perdre après l'arrivée des stocks. En quelques jours, toute trace de la crise avait disparu, et lorsque les marchandises arrivèrent, l'abondance régnait déjà.
Peu savaient que tout ceci était le résultat de ce Din Torah inhabituel.

Traduit de Sihat Hachavoua N° 1392, 5772