Mise
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Site
des fêtes juives
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Cette année-là,
Rabbi Lévi Its'hak était sorti juste avant le début prévu
de la Prière du matin de Roch Hachanah.
Ce n'est qu'une heure plus tard qu'il revint, le visage grave et préoccupé.
Il pleura, plus que d'habitude, lors des prières, et lorsque le moment
de sonner du Choffar arriva, il s'approcha de la Bimah, et sortit de sa poche
une mèche de cheveux, la tendit vers le haut et murmura quelque chose.
Il posa les cheveux sur la table, saisit son Choffar en pleurant, et commença
à sonner.
Lorsqu'il termina, il avait un visage radieux, et tout signe de tristesse
avait disparu.
Ce n'est qu'au cours du repas de fête qu'un des élèves
s'enhardit à demander qu'est ce qui s'était passé ce
matin.
"Depuis des semaines, avec tous les Tsaddikim, je ressentais que des
malheurs se préparaient pour le Peuple Juif. Nous avons fait tout notre
possible pour faire annuler ces mauvais décrets, mais des semaines
de jeune et de prières n'y firent rien.
Il fallait quelque chose dépassant l'ordinaire pour éveiller
la pitié Divine, mais nul ne savait comment.
Alors ce matin, j'ai décidé de sortir, et chercher une fois
de plus
J'ai erré dans les rues de la ville, jusqu'à ce que mon attention
soit attirée par une vieille cabane, dans les quartiers pauvres.
J'ai frappé à la porte, et une femme d'un certain âge
m'a ouvert. Elle faillit s'évanouir, et commença à sangloter,
comme si elle attendait ce moment.
Après plusieurs minutes, elle se calma, et put me raconter son histoire.
Elle avait vécu avec ses parents sur les terres d'un noble, dont ils
payaient le loyer en élevant des vaches et vendant le lait, vivant
du peu d'argent qui leur restait.
Elle n'avait que seize ans lorsque ses parents tombèrent malades, et
au terme de plusieurs mois quittèrent ce monde, la laissant seule au
monde et avec des grosses dettes envers le noble. Occupée qu'elle était
à les soigner, elle n'avait pu s'occuper des dettes de la maison, et
maintenant elle savait qu'elle risquait d'être mise à la porte.
Elle n'avait pas d'autre choix qu'aller voir le noble et le supplier de lui
accorder des délais de paiement, le temps qu'elle remette en route
la ferme.
Lorsqu'elle fut introduite chez le seigneur, il écarquilla les yeux,
siffla d'admiration, et demanda à ses domestiques de le laisser seul
avec sa visiteuse.
Il s'approcha d'elle avec un regard qui en disait long sur ses intentions.
La jeune fille recula jusqu'à la porte, mais le seigneur se retint
et changea de ton. Il expliqua de la voix la plus apaisante qu'il put qu'elle
lui plaisait beaucoup, et que si elle acceptait d'être sa femme, elle
aurait ici le luxe, le confort et la grandeur, au lieu de rester une juive
misérable. Toutes les jeunes filles de la ville auraient déjà
sauté sur une telle proposition etc…
Elle secoua la tête pour exprimer son refus.
"Alors juste un baiser, et je vais effacer toutes ces dettes. Mieux,
je vais baisser de moitié le loyer". Il se leva soudain pour se
précipiter vers elle, et elle s'enfuit. Il eut juste le temps d'attraper
sa chevelure, et d'embrasser ses cheveux.
Elle courut de toutes ses forces, et arriva épuisée chez elle,
avec un grand sentiment de dégoût et d'humiliation.
Elle prit des ciseaux et se coupa les cheveux, puis sans se fier aux promesses
du seigneur, emballa quelques affaires et quitta le village.
Elle arriva dans une ville où elle fut domestique quelques années,
jusqu'à son mariage.
C'était il y a longtemps. L'an dernier, son mari est mort, et elle
ne put s'empêcher de penser que c'était de sa faute, à
cause du baiser de ce seigneur
Rabbi Lévi Its'hak continua son histoire:
Je l'ai rassuré et lui ai dit que tout ceci était à son
honneur, était une source de bénédictions et qu'elle
ne devait avoir aucun sentiment de culpabilité.
Je lui ai demandé si elle avait gardé quelques mèches
de cette chevelure, et elle m'a dit que oui. Elle les avait gardés
pour se souvenir de son "péché", et accepta de me
les donner.
Ce matin
avant de sonner du Choffar, j'ai pris ces mèches en main, et dit à
D.ieu:
Maître de l'univers si Tu as des doutes sur l'innocence de Ton peuple,
regardes ces mèches. Elles viennent d'une pauvre jeune fille orpheline
qui a renoncé à une vie de princesse pour être ta servante.
D.ieu aies pitié de nous accepte que nous te couronnions Notre Roi!
Et ça a marché: le décret céleste a été
annulé!
Raconté
par Touvia Bolton
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