Mise
à jour le
|
||||||||||
Site
des fêtes juives
|
(D'après
le Yalkout Chimeoni sur Behoukotaï et Vayikra Rabba)
Extrait de "Ainsi agissaient nos Sages", Fondation Sefer, Paris 1979.
Il était une fois un homme qui avait l'habitude de donner beaucoup
d'argent aux étudiants de la Torah et aux pauvres. Il aimait tellement
faire la charité qu'il avait vendu sa grande maison pour pouvoir
aider les pauvres et que lui et sa famille se contentaient d'un tout petit
logement. Ils vivaient de peu. Sa femme faisait de petits travaux et gagnait
juste ce qu'il leur fallait pour vivre, tandis que lui était occupé
tout le jour à faire des Mitsvot et de bonnes actions.
A la fin de la fête de Souccot, le jour de Hochanna Rabba, sa femme
lui donna dix pièces qu'elle avait reçues en salaire et lui
dit: "Va donc au marché et achète quelque chose pour les enfants
en l'honneur de la fête!"
L'homme alla au marché comme sa femme le lui avait dit et chercha
à acheter quelque chose qui ferait plaisir aux enfants. Au même
moment, deux hommes qui ramassaient de l'argent pour les pauvres traversèrent
le marché. Quand ils le virent, ils se réjouirent fort et
se dirent l'un à l'autre:
"Voici l'homme aux bonnes actions qui passe. Il nous donnera sûrement
une grosse somme pour les pauvres!"
Les encaisseurs de la caisse de bienfaisance le connaissaient bien et savaient
qu'il donnait toujours plus d'aumônes que les autres mais ils ne savaient
pas qu'il n'avait plus d'argent. Ils s'approchèrent de lui et lui
dirent:
"Nous serions heureux que tu participes à la bonne action dont nous
nous occupons. Une pauvre orpheline, qui n'a ni père ni mère,
va se marier et nous voulons lui acheter une belle robe pour le jour de
ses noces. Elle aussi veut être belle et, à part nous, personne
ne s'occupe d'elle."
L'homme se dit: "Il faut avoir pitié de cette pauvre orpheline qui
n'a même pas de robe de mariée. Aider une fiancée est
une grande Mitsvah, tandis que nos enfants, eux, ont encore leurs parents
et ils seront sûrement heureux aujourd'hui, même si je ne leur
apporte pas de cadeaux".
L'homme aux bonnes actions sortit de sa poche les dix pièces que
sa femme lui avait données et les donna aux deux encaisseurs. Et
comme il n'avait plus rien à faire au marché puisqu'il ne
lui restait plus d'argent, il alla à la synagogue pour s'asseoir
et étudier un peu de Tora.
La synagogue était vide. Tout le monde était déjà
rentré à la maison mais les tables étaient pleines
de cédrats que les enfants avaient laissés. L'homme aux bonnes
actions réfléchit et se dit: "Ces cédrats n'appartiennent
à personne. C'est exprès qu'on les a laissés car aujourd'hui
c'est la dernière fois que nous avons fait la bénédiction
du loulav et on n'a plus besoin d'eux. Je vais en prendre quelques-uns et,
comme cela, je n'arriverai pas à la maison les mains vides." Car
l'homme avait un peu honte devant sa femme d'arriver à la maison
sans rien. Il trouva un sac dans la cour et le remplit de cédrats.
Sur son chemin vers la maison, il passa près du port et vit un bateau
en partance. "Si je demandais du travail sur ce bateau, se dit il, je pourrais
gagner un peu d'argent avant d'arriver à la maison. Que dira ma femme
si j'apporte seulement un sac plein de cédrats qui n'ont aucune valeur?
Elle se mettra sûrement en colère et se fâchera contre
moi."
L'homme aux bonnes actions monta sur le bateau et demanda au capitaine de
lui donner du travail. Celui-ci accepta aussitôt mais, au bout de
peu de temps, le bateau leva l'ancre et l'homme aux bonnes actions n'eut
pas le temps de descendre et c'est ainsi q u'il se trouva en route pour
un pays lointain, de l'autre côté de la mer. Dès que
le bateau arriva au port, l'homme aux bonnes actions mit pied à terre,
chargea le sac de cédrats sur son épaule et partit pour la
capitale dans l'espoir de trouver quelqu'un qui voudrait lui acheter ses
cédrats. Il marcha longtemps et, quand il fut fatigué, il
se coucha sur son sac à l'ombre d'un arbre et s'endormit.
Pendant ce temps, dans la capitale, au palais du roi, tout le monde était
inquiet. Le roi souffrait de maux de ventre et les médecins ne savaient
pas comment le guérir. Ils avaient déjà essayé
tous les médicaments et le roi n'allait pas mieux. Le Saint béni
soit ll donna une idée à un des médecins et celui-ci
dit au roi:
"Si le roi mangeait un de ces cédrats sur lesquels les juifs disent
une bénédiction le jour de Hochanna Rabba, il guérirait
aussitôt."
Le roi ordonna d'envoyer tous ses serviteurs chercher des cédrats
et même les ministres et tout le peuple se mirent en quête de
cédrats. Ils cherchèrent dans toutes les villes et tous les
villages, dans les marchés et dans les magasins, et même dans
les bateaux qui venaient de l'étranger. Ils cherchèrent en
vain. Car qui aurait l'idée de garder des cédrats après
Soukot'?
Dans leurs recherches les envoyés du roi arrivèrent aussi
près de l'homme aux bonnes actions qui dormait sous son arbre. Ils
l'éveillèrent de son sommeil et lui demandèrent:
"Aurais tu quelque marchandise à vendre?" L'homme aux bonnes actions
s'effraya car il ne savait pas ce qu'ils voulaient de lui. Qui sait, peut-être
lui était il interdit de vendre quoi que ce soit dans ce pays'? Tout
épouvanté, il leur répondit:
"Je n'ai rien. Je suis un pauvre homme, je n ai rien."
Mais les envoyés avaient remarqué le sac sur lequel il était
couché et ils exigèrent: "Montre nous ce que tu as dans ton
sac!" Quand ils ouvrirent le sac, ils y trouvèrent des cédrats
et se réjouirent fort mais ils n'étaient pas encore bien sûrs
que c'était bien les cédrats dont le médecin avait
parlés. Aussi ils demandèrent: "D'où viennent ces cédrats?"
L'homme aux bonnes actions eut encore plus peur et bégaya:
"Ca? Ce sont de vieux cédrats sur lesquels les juifs ont dit une
bénédiction à Hochanna Rabba. On n'avait plus besoin
d'eux et je les ai pris, il n'y a sûrement rien de mal là-dedans!"
Le visage des envoyés rayonnait de joie: "Mais c'est exactement ce
que nous cherchons!" Et ils dirent à l'homme aux bonnes actions:
"Nous avons besoin de ces cédrats pour le roi. Viens avec nous, n'aie
pas peur. Le roi te paiera sûrement un bon prix pour ta marchandise."
Aussitôt ils le conduisirent avec son sac chez le roi. Le roi mangea
un cédrat et le Saint béni soit Il fit un miracle et le roi
guérit aussitôt.
"Je veux t'acheter tout le sac, dit le roi à l'homme aux bonnes actions.
On ne sait jamais, si je tombe de nouveau malade, peut-être n'arriverai
je pas à retrouver de ces cédrats bénis, mais, ne t'inquiète
pas, je te paierai un bon prix."
Le roi appela ses trésoriers et leur ordonna de remplir le sac de
pièces d'or et, quand il apprit que l'homme aux bonnes actions venait
d'un pays lointain et désirait retourner dans sa famille, il lui
fit donner un bateau et le renvoya avec beaucoup d'honneurs.
Entre temps, sa femme, ses enfants et ses nombreux amis s'étaient
inquiétés de son sort car personne ne savait comment il avait
disparu. Il revint à la maison plus riche qu'il ne l'avait jamais
été. L'or qu'il avait reçu en échange de ses
vieux cédrats lui suffit pour racheter son ancienne maison, nourrir
sa famille largement et donner beaucoup d'argent aux pauvres tout le reste
de sa vie.