Les fêtes juives Un dossier Alliance Réalisé
par Aharon |
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Fameux
Souccot à Meknès
Kountrass News N° 25
Cette histoire s'est passée au Maroc, Meknès, un jour de Kippour.
Les magasins tenus par des Juifs étaient fermés et toute la
communauté était rassemblée dans les différentes
synagogues de la ville. En plein milieu de la prière du matin, l'un des
gardes du gouverneur entra dans une synagogue, afin de chercher une personne.
Après quelques instants, ayant apparemment trouvé ce qu'il cherchait,
il se fraya un chemin parmi les fidèles... jusqu'au médecin juif
de la ville. Il lui murmura rapidement à l'oreille que le gouverneur
était malade, et qu'il lui demandait de venir immédiatement. Surpris,
le médecin lui demanda pourquoi le gouverneur faisait appel à
lui, alors qu'il avait certainement à sa disposition des médecins
de sa communauté... Mais le garde lui expliqua que les médecins
s'étaient déjà rendus au chevet du gouverneur sans trouver
de remède à sa subite maladie.
"Dis au gouverneur qu'aujourd'hui est un jour particulièrement saint
pour nous et que je suis dans l'impossibilité de venir tout de suite.
S'il le veut, je viendrai au plus vite, dès que la nuit sera tombée",
répondit le médecin. Pendant ce temps Ià, l'état
du gouverneur empira. Le garde qui était allé chercher le médecin
juif, trouva à son retour le gouverneur qui se tordait de douleur.
D'une voix remplie de haine, le garde fit son rapport au gouverneur: "Le juif
ne désire pas venir maintenant. Il ne pourra se libérer que ce
soir", omettant sciemment de préciser la vraie raison de son refus.
Le gouverneur s'emporta bien évidemment: "Je me vengerai de ce Juif et
de son peuple. Ils apprendront qui dirige ici, à Meknès... "
Le gouverneur savait que quelques jours plus tard aurait lieu la fête
de Souccot chez les Juifs. Il savait aussi qu'à cette occasion
les Juifs construisaient des cabanes et qu'ils en formeraient le toit avec des
joncs. Il eut alors une idée de vengeance un peu particulière:
il empêcherait les Juifs de se procurer ces joncs!
Le gouverneur était très fier de son idée.
Quand les pauvres Juifs arrivèrent au marché pour acheter ce qui
leur servirait à confectionner leur Souccah, les vendeurs déclarèrent
: "Désolés, cette année, le gouverneur a tout acheté!
"
Les Juifs ne savaient que faire. Ils décidèrent de se rendre chez
Rav Yaacov Berdugo, le Rav de la ville.
Le Rav et les dirigeants de la communauté firent leur enquête et
découvrirent rapidement que cet acte du gouverneur était une vengeance
au refus du médecin de venir le soigner le jour de Kippour. Ils
décidèrent de solliciter une entrevue chez le gouverneur pour
lui expliquer que le médecin n'avait pas le droit travailler le jour
de Kippour, à moins qu'il ne s'agisse d'une question de vie ou
de mort. Le gouverneur accepta de les recevoir, mais au moment où la
délégation entrait chez lui, il fixa le Rav du regard, se frotta
les yeux, le regarda à nouveau, et se mit à crier: " C'est lui!
Oui, c'est bien lui! "
Un peu gênés, les Juifs se demandèrent quelles étaient
les raisons des cris et de l'émoi du gouverneur.
Après quelques instants, le gouverneur se calma, et leur dit :
"Ecoutez donc mon histoire: la nuit dernière, j'ai fait un terrible cauchemar.
Mes caves avaient pris feu, et l'incendie se propageait rapidement. Tout fut
brûlé: mes meubles, mon argent, tous mes biens. Et alors que je
me trouvais assis à mon bureau, les flammes étaient sur le point
de m'atteindre. J'essayai de m'enfuir mais c'était trop tard. J'étais
encerclé. De part et d'autre les flammes s'élevaient et formaient
une muraille de feu. Je me mis à appeler au secours. La fumée
commençait à m'étouffer et je sentais que ma dernière
heure était arrivée. Et soudain, un homme vêtu de blanc
apparut. Il avait exactement le visage de votre Rav. Il me dit: "J'ai la possibilité
de vous sauver de ce feu... "
Je me mis à crier "Alors faites-le! Je ferai tout ce que vous voudrez,
pourvu que vous me fassiez sortir d'ici". Et l'homme en blanc me répondit:
"Je ne vous aiderai qu'à une seule condition: que vous donniez à
chaque Juif de quoi faire le toit de sa Souccah". Je m'y engageai... et le feu
cessa.
A présent que vous êtes venus, je comprends mon rêve... et
je me vois dans l'obligation d'accomplir ma promesse: j'offre à la communauté
juive tous les joncs que j'ai achetés! "
Et la fête de Souccot, qui s'était annoncée plutôt
triste, fut l'une des plus joyeuses pour les Juifs de Meknès, cette année-là.