Mise
à jour le
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Site
des fêtes juives
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Varsovie, vers 1860.
Les
Juifs de Varsovie avaient de bonne raison de se faire du souci. Souccoth approchait,
et pas un Etrog en vue.
Et lorsqu'un arrivage fut enfin signalé, ce fut chez un marchand non
juif de la ville. Les acheteurs affluèrent
dans sa boutique pour examiner les etroguim, qui s'avérèrent être de
la meilleure qualité. Ceci n'échappa pas à notre homme, commerçant
avisé. Conscient d'être le seul fournisseur de la ville d'une marchandise
incontournable, il doubla purement et simplement les prix, puis les augmenta
de jour en jour au fur et à mesure que la fête approchait.
Les Juifs seraient bien obligés d'acheter ce curieux fruit pour leur
fête, et l'on savait qu'ils ne reculeraient devant aucun sacrifice pour cela!
Inquiets, les Juifs se tournèrent vers Rabbi Its'hak Méïr, le Rabbi de Gour, qui leur signifia de ne pas s'inquiéter. Il fit venir
les vendeurs d'Etrog habituels de la communauté et leur glissa quelques
mots. Personne ne comprit cet étrange sourire qu'ils arboraient en
sortant du bureau du Rabbi.
Quelques jours plus tard, la veille de la fête, les vitrines et les
étals du marché proposaient de beaux etroguim, sortis d'on ne
sait où, à des prix encore plus bas que les années précédentes.
Empilées dans la rue, des caisses emplies attendaient les acheteurs.
En se rendant à son échoppe, le marchand non juif fut fort surpris.
Alors qu'il s'apprêtait à augmenter encore les prix, il réalisa que
son stock allait lui rester sur les bras, et même en alignant les prix sur
la concurrence, qui sait si les Juifs n'iraient pas plutôt vers leurs marchands
habituels plutôt que chez lui...
Il ne lui restait plus qu'à vendre ses etroguim moins cher que les autres,
et à le faire savoir rapidement, car ce soir tous ces fruits n'auraient pas
plus de valeur que des citrons à vendre au poids.
Dès l'annonce son magasin fut envahi d'acheteurs, examinant chaque Etrog,
comparant, hésitant, discutant longuement des avantages ou des moindres
défauts, auxquels notre homme ne comprenait pas grand chose. Le soir
il avait écoulé tout son stock, à son grand soulagement.
Apprit il un jour le fin mot de l'histoire?
Sur les conseils du Rabbi, les marchands
avaient fait fabriquer de splendides etroguim en bois, habilement sculptés
et peints, et fait venir des caisses bourrées de ce chanvre dont on
emballait les etroguim, afin d'obliger le marchand à revenir à des prix raisonnables
Traduit
de Otsar Hahag
Menahem Mandel, Jérusalem 5748