Les fêtes juives
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Kippour à Matthausen

Alexander Weinberg n'a jamais aimé raconter ce qu'il a enduré durant la Choah. Ni ses fils, ni ses petits-fils n'auraient pu raconter ces histoires que Alexander Weinberg, Gabbaï de la synagogue Tiferet Israël à Ramat Gan, maintenant âgé de 84 ans a raconté aux fidèles le soir de Kol Nidréi 5765.
Né près de Kharkov, il fut déporté avec sa famille au camp de Plachov, d'où son père, encore jeune à 44 ans, fut "sélectionné" et envoyé sur un chemin sans retour. Lui fut ensuite envoyé au camp de travail de Matthausen en Autriche, où il survécut jusqu'à sa libération.
Son équipe était affectée à la construction de souterrains dans les montagnes, qui serviraient d'abri et d'entrepôts de matériel militaire. Le chemin de fer qui les acheminait quotidiennement traversait de longs tunnels creusés dans la montagne, dans l'obscurité la plus complète.
Une fois, il sentit dans l'obscurité une main lui glisser un morceau de pain. Il mit un certain temps à réaliser que cette main anonyme n'était autre que celle du SS qui les gardait dans le wagon. Il veilla par la suite à toujours se trouver près de lui et reçut ainsi régulièrement deux tranches de pain tartinées de margarine! Un trésor dans une telle situation!
Cet officier l'avait pris en sympathie, et ne manqua pas d'occasion de le manifester. Il lui glissa un jour "si tu veux savoir ce qui se passe dans le monde, tu n'as qu'à ramasser le journal qui emballe mon sandwich".
C'est ainsi que chaque jour, il jetait son papier à proximité du prisonnier, et que tous furent au courant des nouvelles du front allemand et de sa reculade.
Kippour 5705 (Septembre 1944) arrivait. Alexander et ses amis avaient une folle envie de se réunir pour prier Kol Nidréi, la veille du Saint Jour. Ils ne pourraient pas prier le jour même de Kippour, car ils seraient au travail.
Les jours précédents, ils avaient mis par écrit, sur des bouts de sac de ciment, les quelques passages du Kol Nidréi dont ils avaient pu se souvenir.
Le kapo qui les gardait ce soir là était un prisonnier politique autrichien, qui n'avait rien contre ses prisonniers juifs. Après lui avoir expliqué l'importance des ces prières, ils lui demandèrent la permission de se réunir. Ils se cacheront dans un des abris souterrains du camp, et c'est lui qui montera la garde et les avertira d'une ronde des Allemands …
Aujourd'hui encore, conclut Alexander, j'ai la chair de poule à l'évocation de ce Kol Nidréi.
Quarante juifs, dans un souterrain obscur et étouffant, humiliés et apeurés, en train de demander la "permission de prier avec les renégats", "et "qu'il sera pardonné à toute l'Assemblée d'Israël". Une prière adressée du fond de l'abîme (Psaumes 130, 1) dans tous les sens du terme.  

Ce fut un Kol Nidréi comme il n'en avait jamais vu, ni avant ni après sa libération.

Traduit de Si'hat Hachavoua, N° 979, Kippour 5766. http://www.chabad.org.il/