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Les
fêtes juives |
L’arbre
était témoin
La roue de la fortune avait
malheureusement tourné pour Avraham, un Juif autrefois aisé de
la ville marocaine de Rabat. Il fut forcé de quitter sa maison et d’errer
de ville en ville pour rechercher un travail qui lui permettrait de nourrir
honorablement la grande famille qui dépendait de lui. Il avait confiance
en D.ieu; cependant il s’avérait difficile de "fabriquer le récipient"
qui recueillerait la bénédiction divine. Enfin, au bout de plusieurs
essais infructueux, Avraham finit par amasser une confortable somme d’argent.
Maintenant il pouvait rentrer chez lui.
En route, il passa par la ville de Sali, non loin de Rabat. C’était vendredi
après-midi, il pensa donc qu’il valait mieux passer Chabbat à
Sali. Il se souvenait y avoir un bon ami d’enfance qui l’accueillerait certainement
de bon cœur.
Effectivement, dès
que son ami l’aperçut, il invita avec joie cet hôte inattendu.
Fatigué, le voyageur accepta et, avant l'entrée de Chabbat, il
confia au maître de maison sa bourse pour qu’il la mette en lieu sûr.
Samedi soir, Avraham voulut se remettre en route et demanda à son hôte
de lui rendre sa bourse.
- "De quoi parles-tu? Tu ne m’as jamais confié d’argent!" répondit-il.
Stupéfait, Avraham faillit s’évanouir. Quand il retrouva ses esprits,
il supplia son (ex) ami de lui rendre l’argent pour lequel il avait travaillé
dur et dont dépendait l’avenir de sa grande famille. L’hôte s’énerva:
"Quel toupet! N’as-tu pas honte? Tu as mangé à ma table, tu as
dormi dans ma maison et maintenant tu m’accuses d’un tel forfait!"
En voyant l’indignation de son hôte, Avraham comprit que jamais celui-ci
ne reconnaîtrait l’avoir volé.
Il ne lui restait plus
qu’à porter plainte auprès d’un tribunal rabbinique. Le Rav de
Sali, à l’époque, était le célèbre Ohr Ha’haïm,
Rabbi ‘Haïm ben Moché Benattar. (1696 - 1743).
Les deux hommes se rendirent chez lui et chacun exposa sa version des faits.
Rabbi ‘Haïm demanda à Avraham: "Y avait il un témoin présent
quand vous lui avez confié l’argent?" Comprenant qu’il avait été
imprudent, Avraham admit qu’il n’avait pas pensé, juste avant Chabbat,
à rechercher un témoin pour assister à la transaction.
"Non, il n’y avait personne, c’était juste avant Chabbat, nous étions
assis sous un arbre quand j’ai confié cette bourse à mon ami".
"Sous un arbre? Très bien! dit joyeusement Rabbi ‘Haïm. Retournez
là-bas et demandez à l’arbre d’être témoin!"
Avraham n’en croyait pas ses oreilles mais il avait trop entendu parler du Ohr
Ha’haïm comme d’un faiseur de miracles: il se leva et fit exactement ce
que le Rav lui avait dit. Quelques minutes plus tard, Rabbi ‘Haïm remarqua,
en passant, que certainement Avraham avait déjà dû atteindre
l’arbre.
"Vous n’y pensez pas, Rabbi!" s’écria spontanément l’homme qui
avait accueilli Avraham à Sali. "L’arbre se trouve assez loin d’ici!"
En regardant l’homme droit dans les yeux, Rabbi ‘Haïm ordonna: "Rendez
immédiatement à ce Juif l’argent que vous lui avez volé!"
En voyant l’homme face à lui, incrédule, le Rav s’exclama: "Si
vous n’aviez pas reçu l’argent sous cet arbre, comment auriez-vous pu
savoir où était situé cet arbre?" L’homme pâlit.
Sans dire un mot, il rentra chez lui, retrouva comme par enchantement l’argent
contesté et le remit à Avraham en présence de Rabbi ‘Haïm.
Sidra de la semaine, N° 19, Chevat 5762
Traduit par Feiga Lubecki
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