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Les fêtes
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Calendrier
Chabbat et fêtes de l'année
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"Regarde ses fruits!"
Reb Elimélekh était
un des 'Hassidim les plus respectés de Rabbi 'Haïm d'Antonia (Ottynia)
. Son siège à la synagogue était placé à
côté de celui du Rabbi auquel il vouait un grand respect. Comme
il était très riche, il donnait de grosses sommes d'argent à
toutes les causes charitables et Rabbi 'Haïm semblait beaucoup l'estimer.
Cependant de nombreux 'Hassidim ne partageaient pas l'opinion de leur Rabbi.
Des rumeurs circulaient: les signes extérieurs de piété
de Reb Elimélekh étaient contrebalancés par une attitude
générale qui laissait à désirer.
On disait même que Reb Elimélekh se rapprochait dangereusement
des thèses du judaïsme réformé...!
Tant que les rumeurs ne concernaient que les relations de Reb Elimélekh
avec son Créateur, les 'Hassidim se retinrent de parler.
Mais
quand il inscrivit son fils dans une école du mouvement réformé,
certains estimèrent que le moment était venu d'ouvrir les yeux
de Rabbi 'Haïm: comment un véritable 'Hassid aurait-il pu inscrire
son fils dans une institution hérétique? Quel exemple cela serait-ce
pour leurs propres enfants?
Rabbi 'Haïm fut effectivement horrifié. Il fit appeler Reb Elimélekh,
lui expliqua gentiment qu'il savait ce qui se passait et tenta de le dissuader.
Mais là, Reb Elimélekh ne voulut plus écouter ses conseils.
Alors, voyant son entêtement, Rabbi 'Haïm changea de ton: "La 'Hassidout
exige de donner aux enfants la meilleure éducation selon la Torah.
Tant que vous n’enlèverez pas votre fils de cette école, vous
ne serez plus le bienvenu chez nous!"
Reb Elimélekh qui s'était habitué à être
traité avec respect fut profondément choqué. Après
tout, qu'y avait-il de si grave à inscrire son fils dans une école
un peu différente? Son Rabbi était bien trop fanatique, il allait
trouver un autre Rabbi!
Quelques temps plus tard, il décida
"d'essayer" le Rabbi de Viznitz. Il ignorait que Rabbi Israël Hager de
Viznitz (1860-1939) était le propre frère de Rabbi 'Haïm!
Rabbi Israël de Viznitz était connu pour sa pratique de l'hospitalité
et son profond amour pour chaque Juif. Il accueillit chaleureusement Reb Elimélekh
qui fut ravi de jouir à nouveau du respect d'un personnage important.
Un
jour, le Rabbi de Viznitz l'invita même à l'accompagner dans
une ses promenades. Le temps était agréable, une brise légère
soufflait, les feuilles des arbres se balançaient... Reb Elimélekh
savourait chaque minute.
"C'est étrange, dit le Rabbi, cela me rappelle un souvenir d'enfance.
Une année, juste avant Pessa'h, la femme de notre melamed (enseignant)
avait décidé de nettoyer à fond notre classe. Nous sommes
donc sortis dans les champs mais notre maître réalisa vite que
les arbres, les oiseaux et les odeurs champêtres nous empêchaient
de nous concentrer.
Voyant qu'il ne pouvait continuer le cours comme à l'école,
le maître décida de nous donner une leçon un peu différente.
"Regardez, dit-il, cet arbre est un noisetier; celui-ci est un poirier et
celui-là un pommier. Mais comment pouvons-nous le savoir alors que
c'est encore l'hiver, que les arbres n'ont pas de feuilles?". Il se mit alors
à nous donner d'autres signes tels que la taille et la couleur des
branches, l'épaisseur du tronc etc...
A cette époque nous étions trop jeunes pour apprécier
pleinement les paroles de notre maître.
Le Rabbi de Viznitz passa son bras autour des épaules de Reb Elimélekh
et continua: "Mais quand pouvons-nous vraiment reconnaître un arbre?
Quelques mois plus tard, quand il porte des fruits. A ce stade, on n'a plus
besoin de comparer la taille des branches et la hauteur du tronc. S'il produit
des poires, c'est que c'est un poirier; et s'il produit des pommes, c'est
que c'est un pommier. Le fruit nous montre exactement de quel arbre il s'agit.
"Cela m'a enseigné une leçon importante pour la vie entière:
pour connaître ce que vaut vraiment une personne, il suffit de regarder
ses "fruits", ses enfants. Ceci nous révélera exactement la
nature profonde de la personne!"
Le jour même, Reb Elimélekh inscrivit de nouveau son fils à
la Yéchivah.
Traduit par Feiga Lubecki