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à jour le
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Site
des fêtes juives
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Un
'Hassid de la famille Slonim [famille d'une fille du Rabbi Ména'hem
Mendel, le Tséma'h Tsedek, (1789-1862)] vint une fois en visite d'Erets
Israël jusqu'à Loubavitch. Il fut reçu par Rabbi Chmouel, fils du Tséma'h
Tsédek, qui s'enquit entre autre des juifs qui vivaient en Erets Israël.
"A la vérité, je ne comprends pas ce que disent nos Sages,
qu'en Erets Israël vivent de grandes âmes. J'y connais beaucoup de juifs,
de bons juifs, simples, mais pas de juifs d'une grande stature spirituelle."
Rabbi Chmouel lui répondit:
"Mais que comprends tu en la matière?
Je vais te raconter un fait que mon père, le Rabbi Tséma'h Tsédek
m'a rapporté, et tu saisiras ce qu'est la grandeur spirituelle même
d'un juif simple.
Dans un village proche de Jérusalem habitait un juif simple, un fermier,
qui savait à peine lire, ne comprenant rien à l'étude ni aux mots de
la prière qu'il récitait, et était même incapable de saisir
l'ordre des prières.
Chaque semaine, lorsqu'il venait vendre ses légumes au marché
de Jérusalem, il venait consulter un des Rabbins de Jérusalem,
qui lui notait pour chacun des jours à venir l'ordre des prières, les évènements
éventuels. Lui expliquer les principes (que chaque jour c'est la même
prière, hormis le "chant du jour" qui varie selon le jour de la
semaine, ou les supplications rajoutées le lundi et le jeudi, lui dire
que chaque Chabbath la prière se fait ainsi, etc…) était impensable,
car il s'y emmêlerait inévitablement. Et c'est ainsi que le Rav lui
notait chaque semaine, pour chacun des jours à venir, un agenda complet…
Une fois, au mois de 'Hechvan, le fermier demanda à son Rav le programme pour
deux semaines, car il pensait ne pas pouvoir se rendre à Jérusalem
la semaine suivante.
Et cependant, la semaine suivante il était aux portes de la ville,
avec son âne et son chargement de marchandises.
Mais toutes les échoppes juives étaient fermées.
Se serait il trompé? Serait ce Chabbath?
Non: il aperçut un juif se rendant à la synagogue avec son Talith et ses Tefillin
sous le bras. Ce n'est donc pas Chabbath. Mais pourquoi tout serait fermé?
Il s'approcha de l'homme pour le lui demander.
"Aujourd'hui est un jour de jeûne"
Mais pourquoi donc le Rav ne le lui avait pas annoncé? Il avait mangé
ce matin, et de plus avait certainement manqué quelque chose dans sa
prière du matin…
Il se précipita chez le Rav, mais on lui répondit que le Rav
se trouvait à la synagogue. Il y courut de plus belle et s'approcha de lui
en sanglotant.
"- Rabbi, qu'est ce que tu m'as fait? Pourquoi tu ne m'as pas dit qu'il
faut jeûner aujourd'hui?
- Calme toi, mon fils. Ce n'est pas un jeûne fixe du calendrier, c'est un
jeûne décrété par les Rabbins de Jérusalem à cause
de la sécheresse.
- Mais qu'est ce qu'un jeûne "à cause de la sécheresse"?
- Le Rav lui expliqua que lorsque les pluies ne sont pas tombées ou
sont insuffisantes à cette saison, et que l'on craint pour les réserves
d'eau ou les pousses de la saison à venir, il est d'usage d'instituer une
jeûne public pour que tous s'associent et demandent à D.ieu des pluies bienfaitrices.
- Et il faut imposer un jeûne pour cela?
- Que faut il faire d'autre d'après toi, mon fils?
- Lorsqu'il ne pleut pas sur mes terres, je sors dans le champ et je dis à
D.ieu 'Père, j'ai besoin des pluies', et la pluie commence à tomber.
- Fais donc la même chose ici, répondit le Rav."
Le villageois sortit dans la cour devant la synagogue, et se mit à pleurer.
"Père, vas tu laisser tes enfants à Jérusalem mourir de faim?
Ne vois tu pas à quel point ils ont besoin de tes pluies?"
Et la pluie se mit à tomber.
Lorsque Rabbi Chmouel eut terminé son histoire pour son parent d'Erets
Israël, il conclut "et maintenant, peux tu dire qui en Erets Israël a
une grande âme ou pas?"
Traduit de
Sippouréi 'Hassidim, de Rav Chlomoh Yossef Zevin.
Histoire 302, Paracha Be'houkotaï