Mise
à jour le
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Site
des fêtes juives
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Le
Rav Israël Abouhasseira, "Baba Salei" alors qu'il était
encore au Maroc menait sa communauté avec vigueur.
Il avait l'habitude de visiter les communautés éloignées,
pour renforcer les juifs dans les chemins de D.ieu, être à l'écoute
de leurs problèmes et leur montrer que leur éloignement ne l'empêche
pas d'être proches d'eux.
C'est ainsi qu'il arriva une fois dans une de ces communautés des
fins fonds du Maroc.
Dès l'annonce de son arrivée, la foule se massa à l'entrée
de la ville pour l'accueillir, et au premier rang, Rabbins et notables.
Le Rav leur adressa longuement la parole, puis avant même de se rendre dans
la maison qui lui avait été préparée, il demanda
à voir le Mikvéh.
Très embarrassé, le Chef de la communauté expliqua que le
Mikvéh était hors d'état de fonctionner depuis plusieurs
années. Il n'avait pas plu depuis fort longtemps, et l'eau était
putride, le bâtiment à l'abandon menaçait de s'écrouler et déjà
une partie du toit s'était effondrée dans le bassin. Compte
tenu de tout ça, il était impensable que le Rav puisse visiter les
lieux!
Et comment faites-vous pour les personnes qui ont besoin de fréquenter
le Mikvéh? Demanda le Rav.
Les femmes ont pris l'habitude de se rendre à la ville voisine, lui fut
il répondu par le notable, appuyé par un hochement de tête
de toute l'assistance.
Malgré tout, je veux aller voir, et avec l'aide de D.ieu nous allons
remettre le Mikvéh en état de marche.
Rien ne put arrêter le Rav, et toute la procession prit le chemin du Mikvéh.
Une dernière tentative fut faite à l'entrée de la cabane; mais ni
la mauvaise odeur, ni la menace des animaux qui avaient pris possession
des lieux, ni le risque d'éboulement ne vinrent à bout de sa détermination.
On lui ouvrit la porte, et il s'approcha du bassin, remonta sa robe, descendit
quelques marches … et demanda un seau pour commencer à vider les eaux sales.
On lui proposa de faire venir des ouvriers pour lui épargner une
tâche aussi répugnante, mais rien n'y fit. Et c'est ainsi que le
Rav et les notables de la ville firent une chaîne pour remplir les seaux
et les vider…
Puis on nettoya les lieux, consolida les poutres, et le Rav sortit de la
maison.
Mais comment allons nous remplir le Mikvéh maintenant? Il n'a pas
plu depuis des années!
Baba Salei se tourna vers le ciel.
"Maître du monde, nous avons fait ce que nous pouvons faire, fais maintenant
ce qu'il Te reste à faire!"
Des nuages épais se formèrent, une pluie drue commença à tomber.
Les habitants partirent se réfugier dans les maisons, tandis que
le Rav restait à contempler les eaux qui commençaient à remplir le Mikvéh.
Une fois l'orage terminé, le bassin était rempli. Les juifs
revinrent, la bouche emplie de louanges à D.ieu pour ces pluies inattendues
en plein été, et le cœur empli de vénération
devant le miracle que le Rav avait opéré pour eux.
Le Rav restait songeur. Il se tourna vers les Sages de la ville, et leur
fit remarquer que les eaux étaient passées par une conduite
métallique.
"Il me semble que selon le Beit Yehouda, Rabbi Yehouda Aïche, ce Mikvéh
n'est pas cachère. Ce grand décisionnaire invalide l'usage de conduite
en métal. Il faut donc changer cette conduite."
Les personnes présentes comprirent qu'il faudrait vider à nouveau
le Mikvéh et après réparation attendre … les prochaines pluies.
Ils s'efforcèrent de convaincre le Rav que l'avis du Beit Yehouda était
seul contre d'autres plus nombreux qui ne voyaient pas d'objection à l'usage
de canalisations en métal, que nul ne savait quand les prochaines
pluies tomberaient, etc…
Mais le Rav resta ferme, et déclara qu'il ne voulait en aucun cas
prendre le risque de permettre une installation qu'un avis même unique rendait
inacceptable.
On vida à nouveau le bassin, on remplaça les tuyaux de métal par
des conduites taillées dans des troncs d'arbre. Le visage du Rav
resplendissait.
Il se tourna vers le ciel."Rabbénou, notre Maître le Beit Yehouda,
nous avons suivi ton avis et invalidé un Mikvéh pour en construire
un conforme à tes décisions. Il te revient de prier le Créateur
du monde pour qu'il nous envoie la pluie et que le Peuple d'Israël
ne vive pas dans le péché."
Et les pluies se mirent à tomber…
Traduit de "Baba Saléi", de Rav Eliahou Elfassy