Mise
à jour le
|
||||||||||
Site
des fêtes juives
|
Equipé
d'une 'hanoukiah, de bougies et d'un plateau de beignets, le Rav frappa à
la porte de la maison du prêtre.
La porte s'ouvrit, et il fut accueilli par des dizaines de paires d'yeux étonnés.
"Nous sommes en réunion, mais je vous en prie, rentrez!"
dit le prêtre, un tant soit peu étonné de cette visite
inattendue.
Tout avait commencé il y a une dizaine d'années, lorsque le
Rav Méïr Holzberg est arrivé à Bila Tserkva en Ukraine.
Il ne faisait pas bon d'être étranger, et juif de surcroit, et
le Rav avait reçu le conseil de recourir à un garde privé
pour le protéger et garder sa maison la nuit.
Il avait finalement réussi à trouver: Victor Siminiouk, de taille
imposante faisait tout à fait l'affaire. Sauf qu'au lieu de veiller
la nuit dans la guérite à l'entrée du jardin, Victor
passait ses nuits à discuter théologie avec le jeune rabbin.
Et chaque réponse entrainait une foule de questions, que Victor posait
avec intérêt et perspicacité.
Il voulait comprendre la signification de cette vie juive qu'il découvrait,
et la confronter avec ce qu'il savait de ses origines non juives.
Le rabbin découvrit ainsi que sous des apparences de brute et de rustre,
son garde du corps était doué d'une profonde intelligence. Et
ils passèrent ainsi de longues heures à discuter.
Au bout de quelques temps, Victor prit la décision de devenir juif,
et sans attendre une conversion formelle, se mit à porter une kippah.
Mais Victor avait un défaut: un caractère querelleur.
Il excellait à sortir dans la rue, accrocher un passant sous n'importe
quel prétexte, et en arriver à discuter religion. En quelques
instants il avait mis en pièces la religion chrétienne, avec
des arguments que sa carrure imposante ne permettait pas de discuter.
Victor était aussi un colleur d'affiches. Il tournait beaucoup dans
la région, et notamment à Skvyra (Skver) une ville proche.
C'est ainsi qu'il rencontra un jour dans la rue le prêtre de Skvyra.
Il cessa de s'occuper de ses affiches pour le provoquer sur son terrain favori:
la supériorité de la religion juive. Il décocha toute
une série de piques bien aiguisées, mais fut arrêté
par le prêtre: "moi aussi je suis juif!"
"Qu'est-ce que tu racontes?"
"Ma mère était juive!"
Les affiches ne furent pas collées ce jour-là.
Victor s'empressa de retourner chez le rabbin, pour lui faire part de cette
stupéfiante nouvelle.
Quelques jours plus tard, c'était 'Hannoucah.
Le troisième soir, le Rav Holzberg décida qu'il fallait aller
visiter le curé de Skvyra.
Ce ne fut pas une entreprise facile, entre la boue et les monceaux de neige,
La voiture s'immobilisa, et il fut obligé de traverser la ville la
neige jusqu'aux genoux pour arriver jusqu'à la maison du prêtre.Le Rav Holzberg
venait donc d'entrer dans la maison du prêtre, sous les regards de dizaines
de fidèles réunis chez lui.
Il ne se démonta pas, et lui proposa d'allumer les bougies de 'Hannoucah.
A sa grande surprise, le prêtre accepta immédiatement. Il mit
une kippah sur la tête, répéta les bénédictions
et alluma. Il invita même l'assemblée à se joindre à
lui pour chanter "hanerot halalou…"
Tous écoutèrent ensuite le rabbin expliquer le miracle de 'Hannoucah
et la Mitsvah de "publier" le caractère miraculeux des évènements.
Le prêtre ne quittait pas le rabbin des yeux, buvant ses paroles avec
une émotion non contenue. Lorsqu'il eut fini de parler, il le pria
de s'asseoir.
Ils entonnèrent divers chants juifs traditionnels, puis discutèrent
longuement. Le prêtre en demandait et en redemandait encore.
Lorsqu'ils se quittèrent, le Rav Holzberg proposa au prêtre de
venir fêter avec lui le seder lorsque Pessa'h arriverait, ce qu'il accepta
avec émotion.
Le soir du Seder, le prêtre était là, un panier d'œufs
à la main. (Référence à une coutume locale??)
Là encore, le prêtre dégusta les paroles de Torah et les
explications du Rav. Il parcourut longuement la haggadah traduite qu'on lui
avait donnée. Durant le repas, il raconta qu'il n'avait pas dormi de
la nuit, tant il était excité de participer à un seder.
Le changement
dans sa vie fut radical. Il abandonna sa charge, découragea tous ses
admirateurs qui voyaient en lui un "Maître" et venaient chercher
chez lui des conseils.
Il s'attacha à son judaïsme, malgré toutes les difficultés
et les embuches que son entourage lui opposait, et ses progrès furent
très rapides.
Le rabbin était quant à lui admiratif de cet homme qui avait
abandonné une carrière prometteuse, les honneurs, le pouvoir,
la célébrité, pour devenir un juif anonyme.
Il devint élève du rabbin, apprit le 'Houmach, la Halakhah,
se mit à la pratique des Mitsvoth, mise quotidienne des tefilin, jusqu'à
arriver à faire sa Brit Milah. Il était maintenant Avraham.
L'année suivante, pour la troisième bougie de 'Hannoucah, le
Rav Holzberg revint chez Avraham, qui vivait maintenant ouvertement comme
un juif.
Tous deux s'attardèrent à contempler les bougies et méditer
sur le message éternel qu'elles véhiculent: cette flamme est
la flamme de l'âme juive, celle qui ne peut jamais être éteinte.
Traduit
de Si'hat Hachavoua N° 1564, 5777
Traduit par Aharon
- www.milah.fr