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Site
des fêtes juives
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Il
était bien tard lorsque le Rabbi
Dov Ber, le Maguid de Mezeritch, fit irruption dans la salle d'études
attenante à sa chambre, où quelques-uns uns de ses
élèves étaient encore à l'étude.
"Faites une prière pour un juif qui se trouve dans tel village et qui
est en danger! Il a pris la décision de renoncer à ses mauvaises actions
et de revenir à une' vie de juif. Aidons le à réaliser son désir!"
La nouvelle fit le tour du Beth Hamidrach, et en quelques instants d'autres
élèves étaient arrivés et se joignirent aux premiers pour lire des Tehilim
avec une grande concentration, dans l'espoir de pouvoir aider ce juif anonyme
à être sauvé et à faire techouvah.
Ils ne connaissaient rien de cet homme, du danger qui le menaçait, de son
passé de pécheur. Mais le Rabbi
avait demandé!
Quelques temps plus tard, un des élèves partit en voyage et fit escale dans
une ville lointaine. La maison d'étude fut naturellement son auberge.
Il
prit un livre et s'assit dans un coin, en attendant l'heure de la prière.
Non loin de lui était assis un juif aux allures de vagabond, décharné, vêtu
de haillons. Un autre juif rentra, un grand sac à la main. Visiblement il
était de passage dans cette ville.
Lorsqu'il aperçut le vagabond, il s'approcha de lui pour le saluer.
"Chalom aleikhem,
Reb Yd! Voilà bien longtemps qu'on ne
t'a pas vu dans notre ville. Que fais tu ici?"
Un grand soupir fut la seule réponse.
Après beaucoup d'insistance, l'homme commença à parler.
"Comme tu le sais, j'ai dans la jeunesse dévié du droit chemin. Je
me suis acoquiné avec des malfrats comme moi, et je suis devenu un expert
dans le vol et la revente de chevaux.
Dans chaque ville, dans chaque marché, je repérais les chevaux de valeur
attelés aux carrosses, ou aux charrettes, les suivais jusqu'à l'écurie ou
l'auberge, élaborais un plan et m'arrangeais pour les dérober une fois la
nuit tombée.
Les chevaux étaient revendus dès le lendemain dans une ville voisine, à
bon prix. Plus d'une fois il m'est arrivé de revendre les mêmes chevaux
plusieurs fois de suite
Il y a quelques temps, j'étais dans telle ville, et j'ai repéré deux beaux
chevaux attelés à une charrette de paysan. "Tu peux dire au revoir
à tes chevaux" ai je pensé pour le fermier. J'ai eu un peu de pitié
pour cet homme, en me disant que ses chevaux allaient changer de mains au
moins deux fois. Chez moi d'abord, puis chez un acheteur heureux de trouver
de si beaux chevaux à un prix modique.
En plein milieu de la nuit, je suis rentré dans l'écurie.J'ai commencé par
caresser les chevaux, pour gagner leur confiance, puis j'ai commencé à bander
leurs sabots avec des chiffons, pour que leur départ ne réveille pas tout
le monde.
Par malheur pour moi, un garçon de ferme avait choisi de passer la nuit
sur le tas de paille au-dessus de ma tête. Lorsqu'il entendit un peu de
bruit, il se réveilla et sortit en courant pour alerter le monde. En quelques
instants, l'écurie fut entourée d'hommes. Ils ne savaient pas combien de
personnes se trouvaient à l'intérieur, et ils attendaient encore du renfort
pour forcer la porte.
J'étais vraiment en danger, et ma première pensée fut de demander à D.ieu de me sauver de cette mauvaise
passe.
Je me rendis compte toutefois de cette situation absurde où moi, qui avait
rejeté toute foi et toute morale
je demandais à D.ieu de m'aider
C'est pourquoi je pris immédiatement la décision de quitter cette vie et
revenir aux chemins de la Torah.
C'est alors que j'aperçus les vêtements que le garçon de ferme avait abandonnés
sur la paille. Je les bourrais de paille pour confectionner un mannequin
que j'installais sur un des chevaux. Je l'approchais jusqu'à la porte et
l'ouvrir brutalement, en fouettant le cheval qui partit au galop, immédiatement
pris en chasse par tous les hommes de la ferme. Je n'avais plus qu'à me
sauver à toute vitesse dans l'autre direction
Tu peux voir que j'ai tenu ma promesse, j'ai abandonné les chemins des fauteurs,
et j'erre maintenant de ville en ville, de synagogue en synagogue, en espérant
que D.ieu pardonnera mes
nombreuses erreurs.
L'élève du Maguid, qui avait entendu toute l'histoire de loin avait une
raison de plus de s'émouvoir: c'était ce jour là, et dans cette ville là
que le Maguid avait situé le repentant en danger pour lequel tous avaient
prié.
Tiré de "Nahar Yotsé MeEden".
Traduit de Sippourei Ha'hag, Roch
Hachanah, de Ména'hem Mendel.