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des fêtes juives
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Reb
Dov était Cho'het en Roumanie. Pas facile de vivre en Roumanie lorsque son
Rabbi, Ména'hem Mendel de Loubavitch, le Tséma'h Tsédek, se trouve à Loubavitch,
en Biélorussie. Un chemin long et risqué, surtout quand on le faisait à pied
ou dans une charrette de paysan!
Malgré ça, Reb Dov prenait parfois la route pour aller visiter son Rabbi,
recevoir ses enseignements et bénédictions, se réchauffer le cœur de sa Sainteté.
Une année, sur le chemin du retour, Reb Dov passa par une ville de Pologne
dont le Rabbin, outre son érudition et sa piété, était connu pour être un
des plus anciens élèves du Tséma'h Tsédek. Reb Dov souhaitait tant rencontrer
ce vieux Rabbin qu'il décida de passer Chabbath dans cette ville, pour avoir
l'occasion de le voir et l'entendre.
Les fidèles de la ville lui conseillèrent de patienter jusqu'à Min'ha de l'après
midi de Chabbath. A l'heure de Séouda Chlichit, le troisième repas de Chabbath,
moment le plus haut de la journée, le Rav avait l'habitude de réciter un discours
'hassidique et de poursuivre par une histoire.
Lorsque l'heure de Séouda Chlichit arriva, la maison de prières s'emplit de
fidèles, venus de toutes les synagogues alentour, et Reb Dov eut bien du mal
à trouver une place, d'où il n'entendait rien de ce que le vieux Rav disait
à voix basse…
Après le discours 'hassidique, le Rav commença son histoire, sans plus de
succès pour Reb Dov, qui pleurait silencieusement de son sort.
A la fin de Chabbath, tous les fidèles vinrent souhaiter au Rav "Chavoua
tov, a gute woch" et Reb Dov parmi eux.
Le Rav s'intéressa à ce nouveau venu dans la ville, et Reb Dov lui conta son
long périple de sa Roumanie jusqu'à Loubavitch. Le Rav fut très ému du courage
et la force de caractère de Reb Dov, qui n'hésitait pas à parcourir de si
longues distances pour rencontrer son Rabbi.
Reb Dov saisit l'occasion pour se plaindre au Rav de ce qu'il n'avait pu entendre
le moindre mot de son histoire et des regrets qu'il en éprouvait.
"Un homme comme toi mérite que je la répète" lui dit le Rav.
Il était une fois …
Les 'Hassidim étaient assis à Loubavitch pour répéter les mots de Torah que
le Rabbi venait de dire, lorsque le Chamach (bedeau) du Rabbi Tséma'h Tsédek
vint chercher l'un d'entre eux. Le Rabbi l'avait convoqué pour une mission
particulière, et il disparut pour plusieurs jours.
A son retour, les 'Hassidim le pressèrent de dévoiler cette mission pour laquelle
le Rabbi l'avait appelé.
Avec beaucoup d'insistance ils y parvinrent.
Lorsque je suis rentré dans la chambre du Rabbi, le Rabbi m'a demandé de me
rendre dans un certain village, où demeure un noble connu pour sa haine des
juifs. Je devais lui transmettre un message: "le temps est venu de faire
techouva!"
Je me suis mis à trembler. Comment parvenir jusqu'à son domaine sans avoir
été déchiqueté par les chiens de garde que les gardiens ne manqueraient pas
de lancer à mes trousses? Comment rentrer dans le manoir sans être frappé
ou tué par les gardes? Comment dire une telle chose à ce méchant noble sans
qu'il m'enferme pour mon audace et me fasse tuer pour mon effronterie?
Le Rabbi me transmit alors un "Saint Nom" en me recommandant de
ne pas en détourner mon attention dès le moment où j'aurais pénétré dans le
domaine du noble.
C'est ainsi que je put rentrer dans le parc sans que les chiens ne me pistent,
sans que les gardes bronchent, et que je fus reçu sans attente par le noble.
"Le temps est venu de faire techouva!"
Et je repartis aussitôt.
A peine avais je quitté les lieux que j'avais déjà oublié le "Saint Nom"
que le Rabbi m'avait donné pour me protéger.
Ici se termine la relation que le 'Hassid fit de sa mission, dit le vieux
Rabbin, une nouvelle fois ému par son récit. Puis il poursuivit.
Quelques jours plus tard, on apprit que le noble avait quitté son manoir,
et que nul ne savait où il se trouvait. Au fil du temps, son absence devint
disparition. Peu importe où il pouvait bien s'être perdu ou noyé, les juifs
du village commencèrent à respirer. Leur oppresseur semblait bien avoir disparu
définitivement.
Un jour arriva à Loubavitch un inconnu. Le vagabond était en guenilles, les
cheveux hirsutes, l'air perdu. Il n'adressait la parole à personne, et passait
nuits et jours dans le Beth Hamidrach à étudier, prier jeûner et se mortifier.
Seuls quelques initiés murmuraient que c'était l'ancien seigneur de si mauvaise
réputation, qui avait rejoint ses frères juifs et était revenu au D.ieu de
ses ancêtres.
L'intervention du Rabbi dans ce processus était claire, mais une question
les intriguait. L'un des 'Hassidim s'enhardit à la poser au Rabbi Tséma'h
Tsédek.
"Rabbi, si vous pouvez d'une seule phrase transformer un tel homme en
Baal Techouvah, pourquoi faut il que nous ayons, nous, à tant travailler sur
nous-mêmes pour nous perfectionner dans le service de D.ieu? Tirez-nous aussi
de notre crasse!"
Le Rabbi leur répondit par un exemple.
"Un berger emmène ses troupeaux dans de lointains pâturages. Certains
moutons dévient à droite ou à gauche, certains courent et s'éloignent du troupeau,
certains traînent loin derrière, escaladent les rochers ou vont visiter les
fossés. Croyez-vous que le berger va courir derrière chacun d'entre eux? Non.
Il va donner de la voix, siffler, lancer quelque branche, et cela suffit pour
les rappeler à l'ordre.
Mais que fait il lorsqu'un mouton s'est complètement perdu, est tombé au fond
d'un ravin d'où il n'a pas les forces de s'extirper seul? Le berger se déplace,
va chercher l'animal, le rapporte dans ses bras ou sur ses épaules, pour le
remettre dans le troupeau…"
L'exemple est clair conclut le vieux Rav devant le 'Hassid de Roumanie, et
il se remit à pleurer.
(Publié dans Si'hat Hachavoua du 29 elloul 5767, Histoire tirée de Pninei Haketer, vol 3, page 444)