Les fêtes juives
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Roch Hochana avec le Rabbi de Tsanz
Rabbi 'Haïm Halberstam, "Divrei Haim", 1793–1876

L'immense synagogue de Tsanz était pleine à craquer: des centaines de 'Hassidim avaient tenu à passer Roch Hochana près de leur Rabbi, Rabbi 'Haïm Halberstam.
L'office du soir et celui du matin s'étaient déroulés normalement si l'on peut dire, les 'Hassidim s'étaient sentis portés par les prières de leur Rabbi et se trouvaient dans un monde de pureté, de sainteté et de Techouva d'un niveau des plus élevés.
Bientôt on procéderait à la sonnerie du Choffar et le Tsadik saurait annuler tous les décrets contre le peuple juif. La tension était maintenant palpable.
Soudain Rabbi 'Haïm poussa un long soupir. De sous son Talit, on l'entendait soupirer de plus en plus fort. Le silence autour était impressionnant, même les enfants étaient conscients de la tension qui régnait dans la communauté.
Le moment tant attendu arriva: le Rabbi se redressa et tous les 'Hassidim purent apercevoir son visage rayonnant d'un éclat particulier. L'officiant prit le Choffar et s'apprêta à le porter à sa bouche en prononçant les versets: "De l'étroitesse je t'invoque, réponds-moi avec largesse".
Mais... le Rabbi retira son Talit, le roula en boule sur son pupitre et... sortit de la synagogue. Angoissés et bouleversés, les fidèles le suivaient du regard, incrédules puis se regardèrent l'un l'autre: pourquoi le Rabbi était-il rentré chez lui?
Durant une heure, les 'Hassidim attendirent, comme collés à leurs sièges. Jamais un tel événement ne s'était passé!
Finalement, les notables de la communauté décidèrent d'aller voir ce qui se passait. Respectueusement, leur délégation frappa à la porte du Rabbi. On les fit entrer dans son bureau: le Rabbi lisait-il des Tehilim avec ferveur! Etait-il perdu dans ses pensées! Non! Il étudiait la Guemara Roch Hachana comme tous les jours, comme si ce n'était pas maintenant le moment de procéder aux sonneries du Choffar, comme s'il ne réalisait pas que toute une communauté l'attendait, que D.ieu Lui-même attendait les sonneries...
Le Rabbi ne leur laissa pas le temps de poser de question et en vint immédiatement à ce qui le préoccupait.

Rabbi 'Haïm Halberstam, "Divrei Haim"

"Hier, juste avant la fête, un des " 'Hassidim qui est venu passer Yom Tov à Tsanz, m'a ouvert son cœur: il a deux filles à marier mais n'a pas un sou pour les mariages et les dots; de plus il vient de tomber gravement malade et n'a plus de quoi gagner sa vie.
Je lui ai demandé de combien d'argent il avait besoin. Il s'agit d'une grosse somme.
Je lui ai demandé s'il avait sollicité l'aide de la Caisse de Bienfaisance, il a répondu tristement que les responsables de la Caisse avaient affirmé que celle-ci était vide: la situation était dure pour toute la communauté etc...
Ce 'Hassid me demandait donc de prier pour lui afin qu'à Roch Hachana, D.ieu annule tout mauvais décret et le délivre de ses soucis".
Les notables étaient de plus en plus surpris. D'un côté, ils savaient enfin ce qui troublait leur Rabbi mais d'un autre côté, ils ne comprenaient pas très bien où il voulait en venir.
"La peine de ce 'Hassid ne quittait pas ma pensée, continua le Rabbi. Même ce matin, pendant la prière de Cha'harit, je n'arrêtai pas de penser à lui et, au moment du Choffar, je me suis demandé: comment pourrais-je affirmer devant D.ieu que je L'accepte comme mon Roi alors qu'il se trouve dans la synagogue un pauvre Juif qui n'a personne à qui se raccrocher? J'ai donc décidé de ne pas procéder aux "Tekiot" tant que les notables de la communauté n'auront pas résolu le problème!"
Interdits, ceux-ci se regardaient l'un l'autre... Le Rabbi continua, en les regardant droit dans les yeux: "J'exige de savoir exactement combien chaque membre de la communauté s'engage à donner à ce 'Hassid!"
Les notables se retirèrent dans une autre pièce et, quelques instants plus tard, chacun s'engagea à verser une certaine somme. Ce n'est que lorsque tous les besoins du 'Hassid se trouvèrent couverts par les dons de ces notables que le Rabbi parut satisfait et accepta de retourner à la synagogue.
Très vite, les fidèles apprirent ce qui s'était passé et comprirent ce qui leur incombait.
Maintenant, sans plus attendre, le Rabbi fit signe à l'officiant d'entamer les sonneries et proclama lui-même: "De l'étroitesse, je T'implore, réponds-moi avec largesse..!"